Numéros verts partout, justice sociale nulle part

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, des numéros verts à destination des étudiant(e)s et des soignant(e)s se multiplient, afin de les aider à surmonter leurs difficultés psychologiques et sociales qui s’aggravent. Ces lignes d’écoute se révèlent être une bien maigre réponse à leur détresse sociale qui dure, tout en étant particulièrement dépolitisantes. Premier épisode d’une enquête en trois volets.

Des punaises de lit à l’épisode de canicule en 2019, en passant par la radicalisation d’un proche… Vous nous direz qu’à priori, aucun point commun entre tout ça. Si ce n’est des numéros qui commencent par “0 800” que vous avez sans doute le sentiment de voir partout, notamment depuis 2017. Emmanuel Macron, président des numéros verts ? Avec la crise sanitaire, en mars 2020, cette affirmation se confirme, car les numéros verts deviennent tour à tour la solution miracle aux difficultés sociales accrues, aux troubles psychologiques, aux soignants en burn out, aux travailleurs esseulés ou licenciés et autres étudiants suicidaires…

Des “coups de fil” contre une précarité étudiante qui tue

Le mois dernier, les tentatives de suicide par défenestration de deux étudiants à Lyon, depuis leur résidence universitaire, a créé l’émoi. Le président de l’université Lyon 3 a aussitôt annoncé la mise en place d’une cellule d’écoute psychologique et d’un numéro vert « pour accompagner les étudiants et tous ceux qui en auraient besoin ». Notons qu’en réalité, ce numéro est introuvable. Il y a simplement eu une mise à jour du site de l’université le 13 janvier. On y trouve bien le 07 d’une psychologue, mais le numéro vert est celui du Fil Santé Jeunes, service anonyme et gratuit pour les 12-25 ans, financé par Santé publique France et la Direction générale de la Cohésion Sociale.

A la suite de l’immolation d’Anas K devant son CROUS de Lyon un an auparavant pour protester contre la précarité étudiante, le gouvernement avait déjà lancé un numéro, le 0 806 000 278. Un service joignable au prix d’une communication locale, un “numéro gris”, et par conséquent ironiquement payant pour les étudiants qui n’ont pas de forfait illimité, pour informer les étudiants sur les bourses et les aides existantes. Plus récemment, à la fin d’un article de l’Obs consacré au suicide de Guillaume T., étudiant précaire tristement connu pour avoir dénoncé un viol, un petit encart indique des numéros de services d’écoute…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag