« NUPES, I dit it again » : les leçons à tirer des législatives

La lucidité n’est pas toujours, dans le monde militant de gauche, la meilleure des qualités. Pris dans l’enthousiasme collectif de mois d’engagement, désireux de ne pas « semer le désespoir », on en vient souvent à se mentir à soi-même et à mentir aux autres. Être de gauche et trouver de nombreuses raisons de se réjouir des résultats de dimanche soir procède de cette irrationalité militante, qui confine parfois à la mauvaise foi, et qui nourrit l’irritation structurelle qu’une partie des classes laborieuses ressent à l’égard de ce camp politique. Or, un constat dur n’empêche pas l’espoir, au contraire : car c’est la répétition des mêmes erreurs et des mêmes routines qui crée du dégoût.

A-t-on vraiment des raisons de se réjouir ?

Soyons clairs : ces élections législatives, que la gauche unie décrivait comme le troisième tour de la présidentielle, ne peuvent réjouir qu’à la marge et seulement les gens déjà initiés qui ont une vision esthétique, et non vitale, des conséquences de la politique : se réjouir de la défaite d’Amélie de Montchalin (personnalité macroniste particulièrement détestable, défenseuse de la détaxation des riches, éphémère ministre de l’écologie dont la proposition la plus ambitieuse était de conseiller aux gens d’éviter d’envoyer des mails rigolos mais énergivores), en fait par exemple partie. Car dans un contexte d’inflation galopante, de carburant cher, de salaires bas, de dérèglement climatique gravissime, la plupart des gens se foutent intégralement de cette information. Ils se disent à juste titre qu’à une bourgeoise versaillaise déconnectée succédera une autre bourgeoise versaillaise (ou parisienne, ou normande, ou lyonnaise…) déconnectée. 

Pour toutes celles et ceux qui sont dans la nécessité, pour la majorité des Français qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois, pour les personnes racisé.e.s qui subissent le harcèlement policiers et les violences, la seule chose qui faisait une différence c’était que la gauche unie obtienne la majorité et change la vie. Tout le reste, c’est de la littérature.

Tout comme la plupart des gens ressentent peu d’émotion à l’idée que la gauche unie ait considérablement augmenté son nombre de députés : pour les connaisseurs, les amateurs de joutes parlementaires, de discours de qualité, oui, cela compte. 75 députés France Insoumise au lieu de 17, ça fait une sacrée différence ! Mais pour toutes celles et ceux qui sont dans la nécessité,…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag