« Odeur de pisse » et odeur de sang

« C’est décidément une mode en ce moment de parler de « chasse à l’homme » quand des voix s’élèvent pour que l’on connaisse les actes dont un artiste s’est rendu responsable et pour que l’on discute de l’opportunité de le célébrer. »

Ainsi parle Frédérik Detue dans une publication Facebook qui fait du bien, au milieu des commentaires distanciés, même à gauche, sur le combat « mal mené » des pétitionnaires, « contre-productif », relevant de la « censure » et de ce fait irrespectueux de la chose « littéraire » – on pourra lire par exemple la prise de position, dans ce sens, d’un célèbre Prix Goncourt, Nicolas Mathieu, expliquant qu’ « il faut craindre autant que le mal les moyens que l’on met à favoriser l’avènement du bien ».

« Autant ».

On a bien lu, retenons bien le mot : la pétition contre le « parrainage » de Sylvain Tesson est lourde d’ « autant » de danger que l’auteur Sylvain Tesson lui-même, sa promotion et son succès, et enfin sa mise à l’honneur.

Une bonne partie de ce qu’il y aurait à répondre se trouve dans l’écrit de Frédérik Detue, je commencerai donc par là :

« Le raccourci rhétorique qui vise à fausser la portée d’un geste critique ne doit cependant tromper personne : combattre la valeur symbolique d’une célébration, ce n’est en aucun cas s’attaquer ad hominem à la personne célébrée. Célébrer une personne, c’est essentiellement demander à un collectif social de se reconnaître en elle. Cela suppose donc de s’accorder sur ce que cette personne représente et qui serait fédérateur. À propos de Sylvain Tesson, Sophie Nauleau, directrice du Printemps des poètes, a pensé pouvoir capitaliser sur l’image aseptisée de l’auteur à succès de récits de voyage en le romantisant : elle a fait de cet « arpenteur d’altitude, de steppes, d’à-pics et de poésie » une incarnation de la Grâce. De…

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Auteur: Pierre Tevanian