La lecture du livre de l’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault, de la juriste Christine Lazerges et du théologien Joël Molinario, sur les Violences systémiques dans l’Église (1), donne à penser. L’importance de ce livre tient à ce qu’il part des mots mêmes des victimes. La justice en est déplacée vers sa fonction restauratrice qui est d’abord d’entendre, de faire entendre la plainte — et c’est la force de l’écoute qui fait, pour reprendre l’expression magnifique d’une plaignante, « passer du statut de victime à celui de témoin ».
Véronique Margron, dans sa belle postface, concentre la question autour du verrou du sacrement de pénitence. Et elle ajoute : « verrou qui situe le dire sur la sexualité uniquement dans le lieu du mal, du mal faire, du mal penser et qui par là même en fait un lieu mauvais, impur… » C’est peut-être là le point principal de la Réforme que nous avons tous oublié. Nous avons reçu de l’apôtre Paul un idéal sexuel de chasteté : l’instinct sexuel est irrépressible, il faut donc le réguler par le mariage et la procréation.
Cette morale plus stoïcienne que biblique a globalement triomphé, et nous avons oublié la protestation des temps de la Renaissance évangélique et des Réformes, qui redécouvre en lisant la Genèse qu’il n’est pas bon pour l’humain d’être seul, et que la vie en couple est bonne et voulue par Dieu. Nous avons oublié que Calvin défendait contre Castellion la présence dans le canon biblique d’un Cantique des cantiques, où l’appel amoureux retentit en dehors de toute question de mariage ou d’enfants. Nous avons oublié L’Heptaméron de Marguerite de Navarre, qui se moque des religieux qui voulant faire l’ange deviennent diaboliques.
Ecclésiologie verticale
On pourrait s’attendre à ce que le penseur protestant que je suis rappelle comment Luther s’était déjà attaqué à la réduction de la pénitence publique et…
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Auteur: Olivier Abel