Ombres rouges et amnistie

Le 28 avril dernier, la police française interpelait dix anciennes et anciens militants révolutionnaires italiens des années 1970 en vue de leur extradition et malgré les engagements passés de la France. Nous en avions rendu compte ici, sous la plume d’Alessandro Stella et avec Sophie Wahnich & Jacques Wajnsztejn. Pour mieux comprendre les enjeux politiques de cet acharnement vieux de 50 ans, nous renvoyons vers une série d’entretien avec Oreste Scalzone que nous avions publiée en 2016 et dans laquelle il revenait en 10 dates sur 10 années de soulèvements : Oreste contre la montre. Cette semaine, nous publions ces deux nouveaux textes, de J.L. et Oreste Scalzone, qui reviennent sur l’opération « ombres rouges » et sur les enjeux de l’amnistie.

L’opération Ombres Rouges,

spectacle meurtrier, mise en scène misérable d’États tellement mis à nu qu’il ne leur reste plus qu’à enfiler les oripeaux, pris dans la garde robe des populismes, de “punisseurs suprêmes”, à jamais vengeurs des victimes

Répondant à une demande de l’État italien, dans le cadre de ce que, en premier lieu son appareil policier, appelle « Opération Ombres Rouges », les dirigeants de l’État français ont déclenché une procédure d’extradition visant une poignée de militant.e.s du mouvement subversif qui a secoué l’Italie des années 70/80, mouvement qui est même allé jusqu’à l’apparition de plus d’une centaine de groupes et organisations ayant pris les armes de façons et dans des buts variés.

Ces personnes font partie des milliers d’autres ayant fui en France, la répression (dans le cadre d’une “guerre civile de basse intensité”, selon un ancien président – Giovanni Pellegrino – de la Commission parlementaire d’enquête de l’époque). Elles sont les seules que ces appareils d’État peuvent encore tenter d’écraser dans la mâchoire insatiable d’une vengeance sans fin. Toutes les autres, des milliers au début de l’exil, au fil des années, des centaines qui y échappent désormais en raison d’un principe fondamental du Droit formel : la prescription.

En effet, dans le droit italien même, lorsque le temps passé depuis le jugement excède le double de la peine encourue, ou est au-delà de 30 ans, les condamné.e.s “bénéficient” de la « prescription de l’exécution de la peine ». Le droit considère, à travers cette mesure, que ce temps passé fait que « l’intérêt de l’État à l’exécution de la peine n’existe plus ».

Ceux qui restent, ou bien…

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Auteur: lundimatin