Le 8 mars dernier, Yovan Delourme, tik tokeur d’extrême-droite connu sous le pseudonyme du « Jarl », agressait les participants à une free party organisée à Rennes, près du 1988, boîte de nuit dont il est responsable de la sécurité. Ce soir-là, lui et ses subordonnés ont quitté leur lieu de travail pour intervenir dans l’ancien cinéma désaffecté qui venait d’être investi par les fêtards, gazant le public pendant que la police maintenait les portes fermées. Puis, après avoir pu sortir, de nombreux jeunes furent agressés, menacés et de nouveau gazés à bout portant par Yovan Delourme et sa bande. Celui qui fut candidat suppléant pour le parti d’Eric Zemmour aux législatives de 2022 minimise aujourd’hui ses responsabilités dans ces agressions. Pourtant, le ton adopté dans son livre Ca va mal finir publié ce jeudi 13 mars est radicalement différent. Tout au long des 370 pages, il tient des propos ouvertement racistes et décrit en détail des dizaines d’agressions commises sur plusieurs décennies avec, si l’on en croit ses propos, la complicité de la police et de la gendarmerie.
L’ouvrage est présenté à la fois comme le récit d’une expérience hors-norme et comme une analyse anthropologique. Cette prétention donne d’abord envie de rire. Yovan Delourme, gardien d’une boîte de nuit qu’il désigne comme son « château-fort », se définit comme un « Jarl », un chef de guerre, mais aussi comme un « anthropologue autodidacte ». Ce grand intellectuel n’a pourtant pas écrit son propre livre. Franck Mirmont et Jean-Luc Riva, un ancien militaire, en sont les véritables rédacteurs. Avant d’étudier le propos de l’ouvrage, qui constitue à la fois l’autobiographie d’un agresseur et une théorie du fascisme, on est d’abord frappé, sans mauvais jeu de mot, par la lourdeur du style. Puisqu’ils aspirent à la littérature, les rédacteurs n’écrivent pas que la nuit tombe mais…
Auteur: dev