« Ce n’est pas pour cela qu’on est allé à l’Ofpra. On est pas là pour faire du chiffre, mais pour gérer de l’humain. » Depuis quatre ans, Christophe* est officier de protection instructeur à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). L’Ofpra est un organisme public en charge de statuer sur les demandes d’asile déposées en France. Au quotidien, Christophe mène des entretiens avec des demandeurs d’asile pour déterminer si le statut de réfugié peut leur être accordé ou non. Il doit ensuite rédiger sa décision.
Selon les objectifs fixés par la direction de l’Ofpra, chaque agent doit rendre un peu plus de 360 décisions par an, soit une moyenne de près de deux par jour travaillé. « C’est un chiffre que, globalement, peu d’officiers de protection atteignent », souligne David*, qui exerce le même métier. Plusieurs agents s’accordent à dire que depuis le début de l’année 2023, la pression pour remplir ces objectifs a augmenté. « Elle existait déjà, mais ça a empiré, assure Nicolas*. Parfois ça peut se manifester de façon informelle, par des bruits de couloir, mais au final ça a le même effet qu’un mail officiel. »
Selon Stéphanie*, qui occupe des fonctions de management à l’Ofpra, chaque chef de service reçoit régulièrement un « tableau des scores » de chaque division. « Sans nous le dire, cela instaure une sorte de compétition entre divisions, explique-t-elle. C’est normal de faire un suivi des chiffres de l’Office. Mais il faut trouver un équilibre entre atteinte des objectifs chiffrés et qualité de notre travail. »
Deux journées de grèves
Plus de 131 000 demandes d’asile ont été introduites auprès de l’agence en 2022. Après une très forte baisse due au Covid-19 et donc au ralentissement des flux de population, l’office a depuis renoué avec des chiffres similaires à la période prépandémie. Depuis 2014, le nombre de demandes…
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Auteur: Victor Fernandez