« On n'a pas la tête à ça » : en Nouvelle-Calédonie, le référendum sur l'indépendance est contesté

Nouméa (Nouvelle-Calédonie), correspondance

La question est la même depuis 2018 et voici la troisième fois qu’elle est posée : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » Par deux fois déjà, le nom l’a emporté : 57 % en 2018, 53 % en 2020. Le 12 décembre, les inscrites et inscrits sur la liste électorale spéciale pour la consultation voteront pour la dernière fois.

Pour quiconque a assisté aux premiers référendums sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le contraste est frappant. En lieu et place des innombrables drapeaux de la Kanaky ou bleu blanc rouge qui ornaient alors les maisons, les balcons, le bord des routes, les pick-up ou même les habits des habitants, cette année, il n’y a rien. Sur la place des Cocotiers, au centre-ville de Nouméa, la capitale de l’archipel, c’est le calme, seulement troublé par les rondes incessantes des camions de police.

« Aujourd’hui, les conditions sont loin d’être réunies pour aborder sereinement la troisième consultation, écrivaient encore mardi 16 novembre dans un communiqué toutes les composantes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS, indépendantiste). La situation sanitaire n’est pas stabilisée et le risque de seconde vague est encore bien présent et tangible. Aujourd’hui, la majeure partie des personnes mortes du Covid sont des Océaniens dont la plus grande partie des Kanaks. » Le Sénat coutumier, une instance créée par la France, mais qui est supposée représenter le peuple autochtone dans la dimension traditionnelle de son organisation ancestrale, a décrété « un an de deuil kanak ».

Les indépendantistes, qui représentent scrutin après scrutin le peuple autochtone dans son immense majorité, « appellent les Calédoniens à ne pas participer à cette consultation ». Jusqu’au dernier jour, ils ont intenté des recours, notamment devant le Conseil d’État, et tenté de faire reporter la consultation. Sans succès.

Cet appel à la non-participation — et non pas au boycott actif, comme cela a été le cas dans le passé (en 1984, 1987, 1988) et avait été le prélude à de terribles violences pré ou postélectorales — est apprécié de façon très diverse dans la population et au sein de la classe politique calédonienne et française. Pour le gouvernement français et le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, ce n’est pas un sujet. « La non-participation est un droit en démocratie », a-t-il affirmé, le 14 novembre,…

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Auteur: Reporterre