LR&LP : 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Et avant elle 2023, année où le phénomène météorologique El Niño était actif. Est-ce qu’on va vers toujours de plus en plus de réchauffement ?
Christophe Cassou : Nous sommes sur une tendance chronique au réchauffement. Depuis les années 70, de l’ordre de 0,3 degré par décennie.
Cette tendance est modulée par les situations spontanées du climat, la variabilité interne. El Niño est le mode de variabilité interne le plus impactant, tellement fort qu’il peut moduler la température globale de la planète. El Niño est un phénomène pacifique tropical qui modifie les échanges de chaleur entre l’océan et l’atmosphère. Pendant El Niño, l’océan est plus chaud, en particulier sur l’est du bassin, et capture moins de chaleur ce qui augmente la température globale de la planète.
2023 était une année d’El Niño modérée à fort qui a un peu amplifié la tendance au réchauffement global. Le dernier record de température globale était en 2016, année où El Niño était le troisième plus puissant enregistré depuis 1850.
2024 a battu le record de chaleur de 2023 puisque généralement, l’influence d’El Niño se fait sur 2 ans avec un impact un peu plus fort l’année suivant le maximum d’El Niño.
LR&LP : Quel autre facteur a joué sur les records de température ?
L’océan Atlantique a été très chaud en 2023. En partie à cause de la variabilité naturelle du climat car il y a eu une baisse des vents. L’océan Austral avait un minimum de couverture de glace, la banquise. Ce dernier point nous inquiète car on ne sait pas encore si nous sommes entrés dans un nouveau climat dans l’océan Austral qui se caractériserait par beaucoup moins de glace. On aurait peut-être franchi un seuil vers 2017-2018.
Depuis ces années-là, les extensions de banquise sont faibles, et ne retrouvent pas les niveaux d’avant. Est-ce que le saut est…
Auteur: Laurie Debove