On ne va pas y aller avec des fleurs

Dans le cadre d’un programme de recherche coordonné par Caroline Guibet Lafaye, une équipe internationale et pluridisciplinaire de chercheurs en histoire, sociologie, science politique et philosophie, ont conduit des entretiens avec plusieurs dizaines de personnes, afin d’étudier les phénomènes de « radicalisation » politique et de recours à la violence. Les témoignages de neuf de ces femmes sont ici réunis. Condamnées par la justice et/ou membres d’un groupe considéré par des États comme terroriste (RAF, Brigades Rouges, Action Directe, ETA, FARC, PKK, No TAV, YPG ou Black bloc), toutes ont suivi un engagement politique clandestin. Elles abordent leurs motivations et les raisons politiques qui ont orienté leurs choix.

Chaque témoignage est précédé d’une contextualisation historique et d’une présentation du mouvement auquel adhérait celle qui s’exprime. Chaque texte suit le même déroulement : enfance, généalogie de la prise de conscience politique et de l’engagement, rapports à la violence, références idéologiques et principes moraux, expérience de la répression, point de vue sur les attentats terroristes en Europe ces dernières années et regard rétrospectif sur leur passé (pour celles qui ont déposé les armes). Nous ne reprendrons pas les réponses de chacune mais glanerons seulement quelques citations emblématiques.

Margrit, ex-membre de la RAF, explique, par exemple, qu’ « en Allemagne, dans tous les débats publics, la première question que les journalistes vous posent, c’est : “comment vous accommodez-vous de la violence ?“ Et ils voudraient évidemment et exclusivement entendre comme réponse : “Je suis terriblement désolée, je regrette, plus jamais je ne recommencerai, pardon.“ Mais non. Moi, je leur oppose des questions toutes simples. Je leur demande : “Vous, comment vous accommodez-vous de la violence ? Quelles guerres légitimez-vous dans vos reportages ? Quelle violence trouvez-vous juste ?“ Et tous légitiment toujours la violence – mais la violence étatique. »

Tout en assumant son passé, Marlagrazia, ex-membre des Brigades rouges, tempère : « Je suis absolument convaincue aujourd’hui que la violence politique ne permet pas le changement, elle ne fait que déplacer le pouvoir d’un bord à l’autre. Le changement auquel j’aspire ne viendra jamais de la pratique de la violence, mais de quelque chose de bien plus profond, d’une pratique quotidienne à cultiver instant après instant. »

Nathalie, ex-membre d’Action directe,…

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Auteur: lundimatin