« On n’en peut plus ! » Comment la réduction d’accès aux prestations sociales alimente l’extrême droite

« J’ai 62 ans, j’ai toujours voté. On a eu Hollande, puis la droite avec Macron. Moi, maintenant, je vote autrement. Peut-être que je me trompe, mais je vote Marine Le Pen. Et j’espère que ça fera un changement… radical. Regarde en Italie, ils sont pas morts, les gens. Et pourtant, c’est l’extrême droite. Ma sœur, qui est en Italie, me dit que sa pension a augmenté. En France tu vois ça ? À part nous prendre des impôts, augmenter tout et rien nous donner ? ! Regarde les problèmes que j’ai avec la CAF… »

Franco-italienne, Bianca vit dans le sud de la France. Elle a occupé durant plusieurs années des postes précaires en tant qu’employée, et parvient « tant bien que mal à joindre les deux bouts » en recourant à différentes prestations sociales. Comme de nombreuses personnes que j’ai interviewées lors d’enquêtes ethnographiques, elle peine à accéder aux aides sociales et s’intéresse au Rassemblement national (RN), car ce parti défend notamment l’idée d’une préférence nationale.

La prise en charge institutionnelle en matière d’aides sociales a un impact sur les représentations sociopolitiques, qui alternent entre résignation et polarisation électorale, via l’extrême droite (RN) et extrême gauche (LFI), comme le montrent mes recherches. En amoindrissant les protections sociales et filets de sécurité à disposition des classes populaires, le gouvernement favorise un sentiment de mise en concurrence entre catégories sociales, et par ce fait, la montée de l’extrême droite. Sur ce sujet, un article à la Revue française de science politique sera publié d’ici quelques mois.

Dépendre des aides sociales : de l’humiliation à la résignation politique

Bénéficiant de dispositifs d’assistance en tant que famille dite « monoparentale » ou travailleuses pauvres, les femmes des classes populaires cherchent à se construire une respectabilité. Elles se heurtent au…

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Auteur: Maeva Durand, Docteure en sociologie, Université Paris Dauphine – PSL