Forêt de Mollem (Goa) et État du Chhattisgarh (Inde), reportage
Sous la canopée, une araignée géante attend sa proie sur sa toile, des papillons multicolores virevoltent entre les plantes, un ruisseau coule doucement parmi les arbres. Un paysage unique, amené à disparaître. C’est ici, au cœur de la forêt de Mollem, dans le sud de l’État de Goa (Inde), que le célèbre environnementaliste Rajendra Kerkar nous a donné rendez-vous. « Cette jungle compte des centaines de milliers d’arbres, qui produisent de l’oxygène, font baisser les températures et hébergent la vie sauvage. Pourtant, elle est aujourd’hui menacée », assure-t-il, faisant face à la chaîne de montagnes des Ghâts occidentaux, qui marque la frontière de cet État et dont la biodiversité est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.
En 2020, au beau milieu de cette forêt primaire, le gouvernement indien a donné le feu vert à la construction d’une ligne à haute tension, d’une autoroute et à l’élargissement d’une ligne ferroviaire (pour acheminer du charbon). Un projet monstre, qui rencontre une forte opposition de terrain, comme de l’ONG Goa Foundation ou du mouvement « Save Mollem » (« Sauvons Mollen »), devenu un symbole dans le pays.
La Cour suprême, plus haute institution indienne, a exigé en avril 2021 des études environnementales avant de poursuivre les chantiers. Rajendra Kerkar reste cependant sur ses gardes. « La mousson a fait repousser des buissons, mais nous voyons bien ici le sort qui attend la forêt, décrit-il, depuis l’endroit où les travaux ont commencé et où de très nombreux arbres ont été coupés. Si les travaux d’infrastructures reprennent, 40 000 arbres supplémentaires seront abattus. »
La déforestation à l’œuvre dans la forêt protégée de Mollem, à Goa. © Côme Bastin/Reporterre
Une reforestation compensatoire, sans « terres disponibles »
Ce projet dans l’État de Goa n’est qu’un exemple de la déforestation en cours dans le pays. « Depuis l’élection du Premier ministre Narendra Modi, en 2014, nous avons recensé plus de 600 projets validés dans des sanctuaires naturels, où il est normalement interdit de construire, avertit Claude Alvares, président de la Goa Foundation. Les différents comités de contrôles environnementaux sont soumis à une haute pression et priés d’obéir. »
De 2014 à 2018, 120 000 hectares de forêts primaires ont disparu en Inde, selon Global Forest Watch. Durant la pandémie de Covid-19, les régulations…
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Auteur: Côme Bastin Reporterre