On peut gagner ! Retours sur quelques mouvements sociaux victorieux de l’histoire récente en France

Nous publions ici la note du département d’histoire de l’Institut La Boétie, élaborée par Fanny Gallot, Jean-Marc Schiappa et Léo Rosell, qui traite de certains conflits sociaux récents victorieux. L’objectif de cette note est simple et important : montrer qu’il est possible de gagner, de faire plier un gouvernement, quand bien même les obstacles sont nombreux et y compris lorsque la loi a été votée (dans le cas du « Contrat première embauche » par exemple).

Il est crucial de se rappeler et de diffuser l’idée que des combats essentiels ont été victorieux, d’autant plus que notre ennemi de classe s’acharne à nous le faire oublier, parce qu’il sait que le désespoir et la passivité sont l’un des principaux moteurs du statu quo.

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Introduction

Dès l’annonce de la contre-réforme des retraites, différents sondages ont souligné l’opposition majoritaire de l’opinion pouvant aller de 60 % à 80 % de la population au fil des manifestations et des grèves des mois de janvier et de février[1]. Les manifestations d’ampleur se poursuivant, avec des taux de grévistes importants dans la fonction publique[2], l’intersyndicale nationale, comprenant un arc historique, appelle à « mettre la France à l’arrêt le 7 mars ». Dans cette dynamique, différents secteurs prévoient de reconduire la grève pour amplifier et durcir le mouvement : c’est le cas notamment de la CGT-cheminots et de Sud Rail ou encore la fédération CGT de la chimie, des ports et des docks, mines et énergies ou encore verre et céramique.

Rappelons que la grève est une cessation de travail concertée et volontaire de la part de salariés, généralement avec l’appui ou à l’initiative de syndicats. Elle consiste donc à rompre la relation de travail entre l’employeur et le salarié, afin d’empêcher la réalisation de bénéfices par l’employeur. Les salariés, par la grève, interrompent le circuit économique pour contraindre l’employeur à satisfaire leurs revendications. Si les négociations sont un des corollaires de la grève, parfois, la grève exclut toute négociation : c’est le cas de grèves générales visant à chasser un gouvernement ou à demander une revendication précise qui exclut toute négociation (libération de prisonniers, retrait d’une décision, etc.). Elle est la matérialisation de l’échec du « dialogue social ». En effet, il ne s’agit plus de déterminer un compromis visant l’intérêt commun des parties (salariés et employeurs) : la grève est la défense des…

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Auteur: redaction