« On respire mieux » : quand une ferme bio conduit à l'emploi

Fabrègues (Hérault), reportage

« On trouve des gens motivés et on les forme à tous les métiers de la viticulture, de la taille à la récolte jusqu’à la mise en bouteille », dit Jean-Charles Thibault, chef de culture et ancien vigneron depuis toujours en agriculture biologique. Les trois salariés sont justement en train de tailler les vignes du domaine de Mirabeau, propriété de la commune de Fabrègues (Hérault). À perte de vue, des bois et des terres agricoles. Cet ancien mas du XIXe siècle, où devaient être enfouis il y a dix ans des déchets de l’agglomération de Montpellier, abrite maintenant des activités agroécologiques et sociales. Des chèvres, des brebis, des porcs, des ruches, du maraîchage bio, des vignes… cohabitent sur 220 hectares, classés depuis 2017 en zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff) et Natura 2000. Les premiers venus, il y a six ans, ce sont les Vignes de Cocagne, une entreprise d’insertion en viticulture bio rattachée au Réseau Cocagne. Cette association nationale favorise le retour à l’emploi de personnes en situation de précarité en s’appuyant sur l’agriculture bio.

En cumulant des contrats de six mois, à raison de trente-deux heures par semaine, les personnes en insertion peuvent rester jusqu’à deux ans sur l’exploitation. « De cette manière, ils acquièrent de l’expérience : ils font deux saisons de taille, deux vendanges, des labours — même si on en fait très peu… » Le chef de culture aime transmettre « ce travail manuel hyper soigné de la vigne » et cherche à « redonner ses lettres de noblesse au beau métier d’ouvrier viticole ». Il est heureux de voir que « les gens passés ici ont ensuite décroché des contrats à durée indéterminée dans la viticulture, ou sont partis en formation, en BTS viti-œno », dans un secteur qui manque de personnel qualifié.

S’il peut les former comme « des salariés lambda », c’est qu’une accompagnatrice socioprofessionnelle, Hélène Dalle Luche, se charge des personnes orientées vers le maraîcher et le vigneron de Mirabeau par Pôle emploi ou par le Conseil départemental de l’Hérault. Selon le jargon administratif, ce sont des « bénéficiaires de minima sociaux », « personnes éloignées de l’emploi », « issues des quartiers prioritaires »… Soit des personnes de tous âges, soumis à des difficultés financières, des problèmes de logement, de transport, ou de santé. Les migrants sont en outre embourbés dans un parcours du combattant administratif.

Ils sont plus nombreux — vingt-cinq — dans le chantier d’insertion de l’association de maraîchage, elle aussi rattachée au Réseau Cocagne depuis sa création il y a…

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Auteur: Reporterre