On traite les pauvres comme on traite la nature : mal

Marie-Aleth Grard est présidente d’ATD Quart Monde.


Le constat est criant : nos sociétés traitent la nature de la même façon qu’elles traitent leurs membres les plus pauvres. Les ressources naturelles sont souvent pillées et polluées, en toute indifférence et impunité ; les personnes pauvres sont considérées comme complètement négligeables, leur force de travail mise au rebut dès qu’elle n’est plus nécessaire.

La façon dont on traite les personnes en situation d’extrême pauvreté s’avère encore plus pernicieuse que la manière dont on traite la nature. En effet, nul ne blâme la nature d’être responsable de sa dégradation, alors que, trop souvent, les personnes en situation de pauvreté sont accusées de « ne pas vouloir s’en sortir » et sont désignées comme responsables ou coupables de leur situation.

De fait, une même dynamique d’exploitation est à l’œuvre, et appelle à une remise en question globale de la société actuelle.

Pas de véritable politique écologique sans questionnement du travail

La transformation écologique et solidaire de la société n’est pas une bascule qui s’opérera lorsque toutes les conditions seront réunies pour le faire. Promouvoir cette transformation, c’est commencer dès à présent à expérimenter des modes de vivre ensemble qui concilient justice économique, sociale et environnementale. Cela induit un soutien immédiat, fort et pérenne aux initiatives proposant de faire de l’humain et de la nature, non des variables d’ajustement, mais le cœur et la raison d’être des logiques politiques, sociales et économiques.

Pour qu’une société soit capable d’offrir une vie digne à chacun, il est par exemple essentiel de transformer le travail. Sans des changements profonds à ce niveau, aucune transition écologique ne garantira une société mettant la vie au centre de ses valeurs. Partir des plus pauvres pour reconstruire le sens du travail questionne la…

Auteur: Reporterre
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