Ontopouvoir : une histoire du présent

Dans Ontopouvoir. Guerre, pouvoirs, perception qui vient de paraître en français chez Les presses du réel, le philosophe canadien Brian Massumi analyse les formes de pouvoir actuelles en partant de la doctrine de la guerre contre le terrorisme de Georges W. Bush. Parce qu’il s’agit, au travers de « méthodes préemptives », d’affronter ou de dissuader la menace avant même qu’elle ne survienne, Massumi parle d’un « ontopouvoir » : c’est l’être lui-même (l’ontos), les conditions d’apparition et de possibilité de ce qui est qu’il s’agit de configurer. Au-delà des applications militaires, on trouvera dans cette fiche de lecture des outils pour appréhender autant les politiques sanitaires actuelles ou l’évolution récente du maintien de l’ordre en France.

C’était le 1er juin 2002, devant un parterre de jeunes diplômés de la West Point Military Academy, que Georges W. Bush formula pour la première fois des objectifs clairs dans sa « guerre contre le terrorisme » (the war on terror). Car si la défense de l’Amérique, pendant une grande partie du siècle précédent, avait pu s’appuyer sur les doctrines de la dissuasion et de l’endiguement propre à la guerre froide, les nouvelles menaces (new threats), comme le dit Bush, exigent de nouvelles pensées (new thinking). En effet, il semblerait que la dissuasion ne signifie rien face à des réseaux terroristes qui n’ont ni nation ni citoyens à défendre, et que l’endiguement n’est pas possible face à des dictateurs capables de livrer des armes de destruction massive à des organisations criminelles. Bush dira donc que ces stratégies, si elles sont dans certains cas encore d’actualité, doivent pourtant nécessairement évoluer vers des méthodes préemptives.

Si nous attendons que les menaces se matérialisent pleinement, nous aurons trop attendu. La défense du territoire et la défense antimissile font partie d’une sécurité renforcée, et ce sont des priorités essentielles pour l’Amérique. Cependant, la guerre contre le terrorisme ne sera pas gagnée sur la défensive. Nous devons prendre la bataille à l’ennemi, bouleverser ses plans et affronter les pires menaces avant qu’elles n’émergent. Nous sommes entrés dans un monde où la seule voie vers la sécurité est la voie de l’action. Et cette nation agira.

Voici les mots qui caractériseront donc l’approche qui deviendra la marque de fabrique de la politique étrangère de l’administration Bush que Brian Massumi se propose d’analyser dans son livre….

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Auteur: lundimatin