Optimiste sans espoir

Optimiste sans espoir

À l’occasion de la parution de Chaosmogonies, un receuil de poèmes de Nanni Balestrini aux éditions La Tempête avec une introduction de Nathalie Quintane, voici un entretien de Andrea Cortellessa avec Nanni Balestrini, datant de 2010 et disponible en italien sur le site de la revue Alfabeta2.

Comme nous le rappelions sur lundimatin à l’occasion de la publication d’un hommage de Mario Tronti au même Balestrini, ce dernier fut une figure de proue de l’avant-guarde artistique des années 60, s’est engagé corps et âme dans les mouvements insurrectionnels des années 70 et a écrit plusieurs ouvrages précieux sur cette période (La Horde d’or avec Primo Moroni, Nous voulons tout, Les invisibles). Dans cet entretien, il revient notamment sur le recueil Chaosmogonies et les différentes revues auxquelles il a participé.

Andrea Cortellessa : Il semble y avoir quelque chose de non italien en toi. Je veux dire au-delà de ton apparence physique, de tes origines familiales. Il y a quelque chose d’étranger comme si tu étais toujours en fuite ou, en tous cas, rapidement de passage. Comme si résider en Italie était quelque chose d’accidentel, et même un accident tout court ; l’un de ces accidents desquels on ne se remet jamais tout à fait Nanni Balestrini : Ma mère était allemande, de Cologne, mais elle a toujours vécu en Italie ; elle a déménagé à Milan lorsqu’elle a épousé mon père qui était un industriel dans le secteur chimique.

Du point de vue existentiel, plus qu’en fuite je ne me suis jamais senti lié à une identité locale. Les villes où j’ai vécu, Milan, Rome, Paris et Berlin, je les ressens toutes comme mes villes, je ne ressens pas de lien avec une origine déterminée. J’ai dans l’idée que je pourrais être dans n’importe quel endroit du monde : là où je fais des choses, je me sens bien. Pour moi il a toujours été très important d’être jeune dans les années 50, un…

Auteur : lundimatin
La suite est à lire sur : lundi.am