Ordre viriliste

Cet été, les motifs de rester en alerte n’ont pas manqué. Absent des objectifs fixés pour le reste du quinquennat, le sens des révoltes déclenchées par la mort de Nahel M. aux mains de la police s’est vu opposer le rappel à « l’ordre, l’ordre, l’ordre » plutôt qu’un appel à l’écoute d’une demande impérieuse de justice et de lutte contre le racisme systémique. Depuis Nouméa, dans une posture tout érigée, l’État, en la personne de son chef, n’a pas voulu tirer les leçons du fiasco des politiques de la ville depuis un demi-siècle. Celui-ci était pourtant annoncé par le parti pris de recycler des méthodes rapatriées de l’ordre colonial : ségrégation, surveillance, spoliation. Ségrégation spatiale et raciale, surveillance de la population, spoliation des droits fondamentaux, dont celui à la vie. Les recouvrir d’un vernis social superficiel ne fait plus illusion depuis longtemps.

En vérité, la question est désormais de savoir s’il s’agit d’un fiasco ou d’une réussite éclatante. S’il y a eu des manquements et démissions au regard de ce que ces politiques devaient réaliser. Ou si elles ont accompli parfaitement le dessein assumé d’un État qui demeure imprégné autant d’absolutisme que de colonialité : mettre au pas les Français·es descendant·es de colonisé·es. Le mépris affiché au terme de cette séquence tragique, et traduit par un tour d’écrou autoritariste, plaide en faveur de cette dernière vision. Mais passons, comme le font les ministres pris·es au piège du jeu de chaises musicales.

L’équation « masculin singulier » n’a pas d’inconnue, elle est la clé bien huilée de ce rébus infernal.

Pendant ce temps, d’autres scènes impérialistes se jouent aux antipodes. Sous l’étrange appellation de « Talisman Sabre », l’opération militaire conjointe de treize nations, dont la France, dans le Pacifique Sud…

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Auteur: Nacira Guénif