Origine du Covid-19 : fermes à fourrure plutôt que fuite en labo ?

10 juin 2021 à 09h24,
Mis à jour le 10 juin 2021 à 09h27

Durée de lecture : 6 minutes

Santé
Covid-19
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Virologue mondialement respecté, directeur de l’Institut de virologie de l’hôpital universitaire La Charité de Berlin, en Allemagne, codécouvreur du Sars-CoV-1 en 2003, puis d’un second coronavirus en 2012 (le Mers), le docteur Christian Drosten a exposé dans un long entretien paru samedi 5 juin dans le journal suisse Republik pourquoi il jugeait que les fermes à fourrure chinoises étaient à l’origine de l’actuelle pandémie.

Drosten, l’une des principales autorités mondiales sur les coronavirus, a d’abord rappelé que les chiens viverrins (raccoon dogs) et les civettes avaient été les hôtes intermédiaires incontestables lors de l’épidémie du Sars-CoV-1. Ces animaux sont des prédateurs naturels de chauves-souris. Certains sont capturés dans la nature pour être ajoutés à ceux élevés dans les fermes à fourrure. Les représentants de ces deux espèces expectorent naturellement lorsqu’ils grognent et sifflent, ce qui favorise les transmissions aéroportées. Christian Drosten mentionne aussi les visons qui sont élevés en compagnie des autres espèces à fourrure, comme les chiens viverrins.

Le virologue allemand Christian Drosten le 22 janvier 2021, à Berlin. © Michael Kappeler/POOL/AFP

Deux « thèses du laboratoire »

Concernant l’hypothèse de la fuite de laboratoire, il ne la juge pas impossible a priori d’un point de vue génomique, mais peu probable dans les faits. Il convient selon lui de distinguer deux « thèses du laboratoire ». Il qualifie la première (la fabrication d’une arme biologique) de « malveillance intentionnelle » et passe rapidement sur celle-ci, notant qu’il conviendrait davantage de s’adresser aux services de renseignements qu’à un scientifique pour en rendre bien compte.

Pour la seconde (l’évasion accidentelle), il détaille comment se déroule habituellement les expériences dites de « gain de fonction » — des expériences de modification des virus en laboratoire qui sont actuellement sur la sellette. Selon M. Drosten, en imaginant qu’un chercheur ait voulu, dans une perspective d’accroissement de connaissances scientifiques, manipuler un virus existant pour en modifier les propriétés de contagiosité à des fins expérimentales, il serait parti d’un coronavirus connu et maîtrisé. Puis il aurait opté pour un protocole permettant de modifier le site de clivage de la furine (une enzyme protéase) de façon à optimiser…

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Auteur: Yann Faure, Yves Sciama Reporterre