Origine du Covid-19 : la piste des visons chinois se renforce

Il y a un an, presque jour pour jour, les premières contaminations de fermes à visons étaient détectées aux Pays-Bas (à Gemert-Baket et à Laarbeeck au nord-est d’Eindhoven). Les institutions sanitaires du monde entier se sont donc penchées sur ces mustélidés destinés à la production de fourrure, et sur le risque que cette industrie fait courir aux humains et au monde animal. Ces installations sont maintenant suspectées d’avoir joué le rôle de chaînon manquant dans l’émergence de la pandémie.

A-t-on pris la mesure de ces alertes ? Le 12 avril 2021, au sud de Riga, en Lettonie, une ferme intensive concentrant 60 000 visons déclarait un commencement d’épidémie de Covid chez les animaux. Décision a été prise de ne pas abattre le cheptel…

Reporterre a été, le 8 janvier 2021, le premier média à documenter par une enquête approfondie la possibilité que les élevages de visons chinois puissent être la source de la pandémie de Covid. Le même jour, la revue Science l’envisageait la première dans la presse scientifique. À ce moment-là, notre voix et les chercheurs que nous citions paraissaient encore bien isolés. Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé et trois mois de discussions scientifiques plus tard, on dispose désormais d’une riche moisson de faits et d’avis d’experts confortant cette hypothèse, même si la preuve irréfutable reste à administrer. Sans controverse possible, l’industrie de la fourrure apparait partout sur la planète — et particulièrement en Chine — comme une entreprise risquée. Pourtant, les autorités sanitaires semblent regarder ailleurs.

Une enquête en immersion dans treize fermes intensives

 
Malgré la difficulté d’enquêter en Chine, beaucoup d’informations concrètes ont été révélées, dessinant une situation pire que ce que l’on imaginait. Ainsi, le 15 mars, l’ONG de protection animale Humane Society International a rendu publique la synthèse d’une enquête organisée en immersion dans treize fermes intensives des quatre provinces du nord-est de la Chine — notamment au Shandong, épicentre national de la production de fourrure. Ses observations, appuyées par des images aussi insoutenables de cruauté que terrifiantes au plan microbien, ont été faites en novembre et décembre 2020, au moment de l’abattage annuel. Les visons, nés au printemps, sont en effet tués puis écorchés au tout début de l’hiver, moment où leur fourrure est la plus douce. L’enquête a mis au jour de multiples violations des…

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Auteur: Yves Sciama Reporterre