Origine du Covid : l’histoire mouvementée d’un article scientifique majeur

Peu d’articles scientifiques ont autant été le sujet de fantasmes et spéculations que Proximal Origin of SARS-CoV-2, publié il y a trois ans dans Nature Medicine.

Quelques jours avant sa parution, le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la Santé avait annoncé l’état de pandémie, alors que de nombreux pays subissaient leur première vague d’infections et entraient en confinement.

Cosigné par Kristian G. Andersen, Andrew Rambaut, W. Ian Lipkin, Edward C. Holmes et Robert F. Garry, cinq experts des émergences virales, l’article Proximal Origin of SARS-CoV-2 présentait les résultats d’investigations sur ce que pourrait être l’origine récente de SARS-CoV-2, le virus causant le Covid-19.



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Énoncée dès les premiers paragraphes du texte, la conclusion des auteurs est claire : leurs analyses « montrent clairement que SARS-CoV-2 n’est pas une construction de laboratoire ou un virus délibérément manipulé ». La notoriété des auteurs, la réputation du journal, et le caractère apparemment sans appel de la conclusion font alors de cet article une référence de choix pour contrer les spéculations sur une origine artificielle du virus.

La révélation des premiers doutes

Début juin 2021, plus de 3200 pages d’e-mails d’Anthony Fauci, le conseiller scientifique à la Maison Blanche, sont rendus publiques. Plusieurs journalistes ont pu obtenir ces e-mails grâce à la loi américaine d’accès aux documents administratifs (FOIA).

Ces e-mails étaient largement caviardés par le NIH, l’agence biomédicale américaine.et entre les rectangles gris de la censure, parmi les dernières pages du volumineux fichier, on découvre que le 31 janvier 2020, Kristian Andersen annonçait à Anthony Fauci que lui-même, Robert (« Bob ») Garry et Edward (« Eddie ») Holmes trouvaient le « génome de SARS-CoV-2 incompatible avec la théorie de l’évolution » – autrement dit, possiblement d’origine artificielle. Mais, ajoutait-il cependant, « d’autres analyses restent à mener, et ces opinions pourraient changer ».

Les e-mails révèlent aussi que ces scientifiques se sont entretenus le lendemain, 1er février 2020, lors d’une téléconférence au sommet. Parmi les autres participants : Andrew Rambaut, des virologistes européens, mais aussi…

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Auteur: Florence Débarre, Directrice de recherche CNRS, chercheuse en biologie évolutive, Sorbonne Université