Orpaillage illégal : au Brésil, l'armée au secours des Yanomami

Rio de Janeiro (Brésil), correspondance

C’est une opération de grande ampleur qui se prépare pour mettre fin au génocide des Yanomami. Au Brésil, ce peuple indigène subit depuis des années les conséquences de l’orpaillage illégal. Les chercheurs d’or ont pollué au mercure tout ce territoire, sanctuarisé en 1992 et qui s’étend sur 96 000 km2 (18% de la superficie de la France métropolitaine) à la frontière avec le Venezuela, en faisant de lui le plus grand territoire forestier indigène au monde.

Le nouveau gouvernement brésilien de Luiz Inácio Lula da Silva, qui a sollicité l’ouverture d’une enquête pour génocide par omission à l’encontre de l’administration de Jair Bolsonaro, prépare une opération militaire pour retirer les orpailleurs clandestins du territoire. La première étape, baptisée « Bouclier », a été enclenchée le 1er février, avec un renforcement du contrôle de l’espace aérien pour empêcher les membres du trafic de pénétrer à l’intérieur de la réserve indigène et de se ravitailler.

Du 16 au 23 janvier, un millier d’indigènes ont été secourus par les équipes médicales d’urgence envoyées par le ministère de la Santé. Les cas les plus graves de malnutrition, de paludisme, d’infections respiratoires et de tuberculose ont été évacués par hélicoptère vers Boa Vista, la capitale de l’État de Roraima, où un hôpital de campagne a été monté pour les soigner. Avec plus de 11 500 cas de paludisme en 2022 et plus de 150 enfants morts de malnutrition depuis 2019, la crise humanitaire s’est aggravée ces quatre dernières années, au même rythme que l’avancée des orpailleurs sur le territoire Yanomami.

« C’est de loin la pire situation sanitaire et humanitaire que j’ai jamais vue », a raconté à son retour de mission André Siqueira, infectiologue de l’institut Fiocruz, dans une interview à la BBC. Les images d’enfants et de vieillards au corps squelettiques ont profondément choqué l’opinion, dans un pays où 15 % de la population est en situation de grave insécurité alimentaire. « Voir des familles entières dénutries, ce sont des choses inimaginables, c’est dur d’être témoin d’une telle souffrance », s’est ému le spécialiste du paludisme.

Rivières et sols contaminés

Les terres déboisées par les orpailleurs dans le territoire indigène ont plus que doublé en 2022, pour atteindre plus de 5 000 hectares (500 km2), selon un rapport de l’association Hutukara Yanomami. La déforestation et les cratères inondés par une eau stagnante qu’ils laissent derrière eux favorisent la prolifération des moustiques, qui transmettent le paludisme. Ces trafiquants accaparent l’usage des pistes d’atterrissage…

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Auteur: Pierre Le Duff Reporterre