« Où est l'égalité ? » En Guadeloupe, vie chère et pollution attisent la contestation

Petit-Bourg (Guadeloupe), reportage

Ce lundi soir, alors que la nuit est tombée depuis peu, Sabrina et son amie sont « juste venues voir ». En jeans, baskets et t-shirt de sport rose, la mère de famille d’une quarantaine d’années, accompagnée de son petit garçon, dénote au milieu des tessons de bouteille et des épaves de voitures calcinées sur le barrage de Montebello, à Petit-Bourg.

« Il y a une misère sociale en Guadeloupe. Des problèmes d’eau, les minima sociaux, le sentiment de ne pas être entendu par le gouvernement, un peu tout. Les gens veulent que ça bouge à tous les niveaux », lance celle qui ne se définit pas comme une manifestante mais qui soutient le mouvement.

Blocages routiers, grèves… Depuis huit jours, la Guadeloupe est secouée par une forte mobilisation contre la gestion de la crise de Covid-19 sur l’île. Motifs de la colère : le passe sanitaire et l’obligation vaccinale des soignants. Mais pour beaucoup, ce n’est que la goutte d’eau qui fait déborder un vase d’injustices.

Des barrages coupent la circulation. Les Guadeloupéens dénoncent notamment l’obligation vaccinale des soignants. © Clémence Apetogbor/Reporterre

Coupures d’eau à répétition

Plusieurs d’entre elles sont directement liées au porte-monnaie des Guadeloupéens : vie chère, hausse des prix du gaz et de l’essence. D’autres ont des racines environnementales et sociales. Le scandale du chlordécone, un dangereux insecticide, et l’accès à une eau potable sont en première ligne. « Avant l’obligation vaccinale, il y avait déjà énormément de soucis en Guadeloupe. Il y a une souffrance, il faut l’entendre », appuie Sabrina.

Dans certaines communes de Guadeloupe, des coupures programmées, appelées « tours d’eau », rythment les journées des habitants. L’« île aux belles eaux » souffre d’un mal profond. Un réseau d’eau vétuste et mal entretenu, victime de nombreuses fuites. « Liberté, égalité, fraternité. Où est l’égalité ? » peste Ary, adossé à un réverbère et entouré de quelques copains, tous présents depuis plusieurs jours sur l’axe routier. Aucun autre département français ne connaît une telle situation, assure-t-il. La remise en état de l’ensemble du réseau d’eau potable est estimée à un milliard d’euros.

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Auteur: Reporterre