Oui, la vapeur d’eau est un gaz à effet de serre et a un impact sur le réchauffement climatique

En février 2021, des chutes de neige abondantes se sont produites autour de la centrale nucléaire de Cattenom en Moselle. Le voisinage du site atomique s’est retrouvé recouvert de plusieurs dizaines de centimètres de neige alors que le reste de la région restait sec. L’eau émise par la centrale, nécessaire à son refroidissement, avait condensé et s’était déposée au sol, couvrant la terre d’un manteau blanc.

Cet événement spectaculaire rappelle que les centrales nucléaires équipées d’aéro-réfrigérants injectent de l’eau dans l’atmosphère pour transférer de l’énergie thermique vers l’air extérieur : leurs panaches blancs emblématiques sont formés de gouttelettes d’eau qui s’évaporent rapidement et disparaissent à la vue, mais la vapeur est toujours là (elle est transparente).

Ce que l’on sait peut-être un peu moins, c’est que la vapeur d’eau (H20) est un gaz à effet de serre, c’est-à-dire que sa présence dans l’atmosphère limite la capacité de la Terre à se refroidir en émettant du rayonnement infrarouge vers l’espace. Sa contribution est supérieure à celle du dioxyde de carbone (CO₂) ou du méthane (CH₄), car ces derniers sont présents à l’état de traces : il y a typiquement dix fois plus de vapeur d’eau que de CO2 dans l’atmosphère.

Il est donc naturel de penser que les émissions humaines de vapeur d’eau contribuent à augmenter l’effet de serre et donc à réchauffer le climat. C’est là une mauvaise compréhension du cycle de l’eau. La vapeur d’eau est bien un acteur majeur du réchauffement climatique, d’une façon indirecte appelée « rétroaction », mais pas du fait des émissions des centrales.



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« Gaz à effet de serre »

La concentration de vapeur d’eau est régulée dans l’atmosphère à basse altitude

L’argument de la vapeur d’eau est un argument parfois mis en avant par des climatosceptiques qui souhaitent relativiser l’impact de nos émissions de CO₂, ou par des antinucléaires qui souhaitent montrer que ces centrales électriques contribuent au réchauffement par leurs émissions de vapeur d’eau.

Notons que d’autres activités humaines émettent de la vapeur d’eau dans l’atmosphère : les cultures irriguées et l’aviation par exemple. La principale activité humaine émettrice de vapeur d’eau est de fait l’agriculture irriguée : une part de l’eau…

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Auteur: François-Marie Bréon, Physicien-climatologue, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, Sorbonne Université