Pakistan : le spectre de l’embrasement

Au Pakistan, l’arrestation, le 9 mai dernier, de l’ancien premier ministre Imran Khan (août 2018-avril 2022), pour des faits supposés de corruption, a mis le feu aux poudres.

Dans plusieurs villes, de violents affrontements ont mis aux prises les sympathisants de son parti, le Pakistan Tehrik-e-Insaf (Mouvement du Pakistan pour la justice, PTI, de tendance islamo-nationaliste) et les forces de sécurité.

Le 12 mai, l’homme politique a été remis en liberté à la suite d’une décision de la Cour suprême, mais ses ennuis judiciaires ne sont pas terminés, puisqu’il doit encore comparaître pour les faits qui lui sont reprochés.

Cet épisode de contestation, inédit par son intensité, s’inscrit dans le long bras de fer opposant le PTI à la coalition réunie autour de l’actuel premier ministre Shahbaz Sharif, alors que l’armée, dans ce pays de 230 millions d’habitants, continue de jouer un rôle de premier plan.

Une déflagration inattendue

L’ampleur et la virulence des mobilisations semblent avoir pris de court le gouvernement et l’armée, qui pour la première fois a directement été prise pour cible par les protestataires. Cet effet de surprise tient notamment à une perception erronée de la base sociale d’Imran Khan : selon un cliché largement répandu chez leurs opposants et dans les cercles gouvernementaux, les soutiens du PTI seraient essentiellement des « activistes du clavier » cantonnant leur engagement aux réseaux sociaux.

[Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui]

Ces clichés ont été sévèrement démentis par la composition des foules émeutières des derniers jours, au sein desquelles on retrouvait aussi bien des femmes très motivées que des hommes d’affaires et des jeunes de milieu populaire. À cet égard, il faut souligner que 60 % de la population du Pakistan a entre 18 et…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Laurent Gayer, Directeur de recherche CNRS au CERI-Sciences Po, Sciences Po