Ilan Pappé, Le Nettoyage ethnique de la Palestine (trad. Paul Chemla), Paris, La fabrique, 2024 (2006)
Le 13 mai 2024, Ilan Pappé, historien israélien, Professeur à l’Université d’Exeter au Royaume-Uni, est retenu à l’aéroport de Détroit et interrogé pendant deux heures par deux membres du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis à propos de ses opinions sur le Hamas et sur la riposte israélienne à l’attaque sanglante du 7 octobre 2023, ainsi que sur ses liens avec les communautés arabe et musulmane américaines[1].
« Saviez-vous, écrit-il dans un message posté deux jours plus tard sur le réseau social Facebook, qu’un professeur d’histoire âgé de 70 ans pouvait constituer une menace pour la sécurité nationale américaine ? ».
Nulle participation à une quelconque conspiration politique contre Israël ou les États-Unis ne pouvait en effet justifier cet interrogatoire dans les règles de l’art, et force est de reconnaître que c’est en tant qu’historien, critique et engagé certes, que Pappé faisait figure de suspect idéal pour les autorités étasuniennes. Son délit : avoir inlassablement remis en cause le « roman national » israélien-sioniste, contesté le récit officiel de la guerre de 1947-1948 et de la naissance de l’État d’Israël, en s’efforçant de mettre au jour les mécanismes politiques et les opérations militaires qui, au lendemain du vote du Plan de partage de l’ONU et de l’annonce du retrait des troupes britanniques, avaient conduit à l’expropriation et l’expulsion d’environ 800 000 Palestiniens, soit deux tiers de la population arabe (musulmane et chrétienne) qui peuplait alors le territoire de la Palestine historique.
On imagine mal, à l’heure qu’il est du moins, un épisode comme celui qui vient d’être relaté se produire à l’aéroport Charles de Gaulle ou ailleurs sur le territoire français. Heureusement, il existe…
Auteur: redaction