Cette interview d’une psychiatre et psychothérapeute palestinienne, vivant à Jérusalem et travaillant en Cisjordanie, peut y contribuer. Samah Jabr a publié plusieurs centaines de textes et d’articles d’analyse sur l’occupation et la société palestinienne, insistant notamment sur l’impossibilité de séparer les niveaux de compréhension psychologique et politique. Elle rappelle aussi que « la Nakba n’est pas un événement historique passé, mais un processus qui se poursuit depuis plus de 70 ans »…
Une partie importante du documentaire « Derrière les fronts, résistances et résiliences en Palestine », réalisé par Alexandra Dols, lui est consacrée.
Propos recueillis le 14 mai 2021
Illustration : Porte de Damas (2015), extrait de Derrière les fronts ©Alexandra Dols
Les Palestiniens vivent une nouvelle phase d’intensification dans leur lutte contre l’occupation israélienne. Peux-tu nous rappeler les éléments déclencheurs de la situation présente et la séquence dans laquelle elle s’inscrit ?
Il y a toujours eu des attaques contre l’identité palestinienne jérusalémite. La phase actuelle correspond en effet à une intensification, pour laquelle on peut distinguer trois éléments déclencheurs…
D’abord, les Israéliens ont occupé la place devant la porte de Damas, empêchant les Palestiniens d’avoir une vie sociale et culturelle dans cet espace. En temps normal, c’est un lieu très vivant, convivial, où il y a des commerces et des activités culturelles… La place se présente comme une sorte d’amphithéâtre donnant sur la porte de Damas. Il y a toujours des vendeurs, des musiciens, de la danse, des gens qui sont simplement posés là pour discuter… C’est aussi un lieu de confrontations récurrentes avec les Israéliens, lorsqu’ils décident de chasser les commerçants et les gens qui sont sur la place. L’année dernière, les Israéliens avaient aussi changé le nom de cette place que nous appelons Bab Al ’Amoud en arabe (porte de la Colonne). Ils lui ont donné le nom de deux soldats israéliens tués dans une confrontation avec des Palestiniens. C’était encore une attaque contre l’identité et les symboles du peuple palestinien, contre la vie culturelle et sociale des Palestiniens de Jérusalem…
Et puis, il y a eu aussi un autre épisode qui s’inscrit dans une opération de nettoyage éthnique, quand la cour israélienne, les autorités israéliennes ont cherché à expulser les Palestiniens du quartier de Cheikh Jarrah, à l’est de Jérusalem. C’est un schéma…
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Auteur: lundimatin