Pandémie mon amour

Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent.Jules Romain,Knock ou le triomphe de la médecine, 1924.

Le scénario infernal des terreurs sanitaires, avec son train spécial de mesures d’exception, démarré avec la dissémination planétaire du sida dans les années 1980 et affiné par l’invention du bioterrorisme à la suite du 11 septembre 2001, est en place. Il n’attend que la prochaine aberration, biologique ou autre, mutée en serial killer pour ressortir du chapeau.— Extrait d’un article écrit à l’automne 2010. Repris dans Dérider le désert, 2018.

Les bonnes manières qui traînaient dans l’air du temps voulaient jusque-là qu’on s’inquiétât pour le climat. Pour tous, c’était affaire entendue, chacun savait la planète malade. Convaincu mais impuissant face à la dimension du problème. Faute de mieux, on triait vertueusement nos déchets, on boycottait l’huile de palme, on covoiturait comme des fous, on se nourrissait de paniers bios, se conformant à toutes sortes de gestes vertueux dont les exemples ne manquaient pas. Dans la rue, des jeunes gens en colère, et même des vieillards à la page, braillaient leur indignation, tançaient les puissants de ce monde trop lents à réagir. Alors que jusqu’aux cimes de l’État, l’écologie faisait florès, la « transition » était en route, on lui avait même fait son ministère.

En attendant, chaque nouvelle année apportait son lot de phénomènes ravageurs, faisant partir en fumée des contrées entières ou les noyant sous les inondations. De saisons en saisons, la taxinomie des êtres vivants en devenait plus simple, au rythme où disparaissaient les espèces. D’aucuns redoutaient les accidents industriels,

ou bien nucléaires, du fait de l’incurie humaine, un tremblement de terre, une guerre qui dégénère. D’autres scrutaient les convulsions de l’économie, nous voyant sombrer dans la disette avec l’effondrement de la finance,…

Auteur: lundimatin
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