« Panique Générale ». James Ellroy en forme et en roue libre.

Panique Générale se nourrit de la première à la dernière ligne d’une thématique qui vampirise chaque roman de James Ellroy : l’obsession. L’obsession qui, chez ses personnages, reflète en miroir celle de l’auteur. Car ce qu’Ellroy semble dénoncer à chaque page (crime, drogue, perversions sexuelles) reflète sa propre jeunesse, sur laquelle il s’est souvent confié : des années de dérive passées à gober des amphétamines par poignées avant de s’introduire par effraction dans des appartements pour renifler des dessous féminins. Des années à flirter aussi avec l’extrême droite suprémaciste américaine, avant d’être sauvé par l’écriture. Car voilà le deuxième grand sujet de James Ellroy : la rédemption. Dans Panique Générale, Otash est miné par un meurtre qu’il a commis au début de sa carrière à la demande de policiers véreux, et il envoie de l’argent tous les mois à la veuve de sa victime en espérant secrètement être pardonné.

Revenons à l’obsession. Ellroy donne un surnom à Freddy Otash : « Pervdog ». Comment ne pas y voir un clin d’œil de la part de celui qui se fait surnommer le « Dog » et a souvent ironisé sur ses propres perversions qu’il plaque sur ses personnages : les renifleurs de petites culottes ne manquent dans aucun de ses livres, pas plus que les accros aux amphétamines ni les cinglés d’extrême droite. Freddy se confesse ainsi au milieu du livre, avant de droguer une femme pour rentrer chez elle par effraction : « Je prends ma pose de Pervdog. Mon côté camé prend le dessus et me porte (…) Je joue les voyeurs depuis mes quatorze ans (…) J’avale trois cachets de Dexedrine et j’ajuste mes réserves d’adrénaline. » Freddy Otash, c’est James Ellroy.

L’obsession de James Ellroy, celle qui rend son œuvre si passionnante, se retrouve aussi dans la matière qu’il brasse depuis plusieurs décennies. Les intrigues, le style, les époques changent, mais chaque ouvrage répète les mêmes motifs. On a souvent l’impression d’avoir déjà lu ailleurs une ligne ou même un paragraphe, et c’est sans doute le propre des plus grands que de pouvoir creuser sans cesse le même sillon sans jamais se répéter. Obsédé par la reconstruction de son Los Angeles intime en Babylone survolté, Ellroy multiplie les renvois à ses autres livres, du Dahlia noir (« C’est du réchauffé ! ») aux nombreux personnages historiques resurgissant de précédents romans (dont Otash lui-même), crucifiés par des attaques qui reviennent en leitmotiv : Kennedy est un…

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Auteur: Blast info