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Le 9 Juillet 2022, le monde entier assistait à un spectacle plutôt rare : des dizaines de milliers de manifestants Sri Lankais mettaient en fuite le président Gotabaya Rajapaksa et prenait d’assaut son palais. Parvenus à l’intérieur du bâtiment, soit au cœur symbolique du pouvoir, les occupants décident alors de se réapproprier son luxe et sa démesure en poussant de la fonte dans la salle de sport présidentielle ou en organisant des concours de plongeons dans la piscine personnelle du chef de l’État.

Si les images de cette mise en commun spontanée et populaire ont réjoui et amusé la planète entière, la situation au Sri Lanka reste néanmoins opaque pour beaucoup. C’est la raison pour laquelle des amis américains ont décidé de se rendre sur place afin d’enquêter sur ce soulèvement. Ils en sont revenus avec ce texte d’analyse et la ferme conviction que cette séquence insurrectionnelle doit être comprise dans la continuité de celle ouverte par les Printemps Arabes de 2011, c’est-à-dire aussi de leurs limites.

Les révolutions veulent des hommes qui aient foi en elles. Douter de leurs triomphes, c’est déjà les trahir. C’est par la logique et l’audace qu’on les réalise et qu’on les sauve. Si vous en manquez , vos ennemis en auront pour vous ; ils ne verront qu’une chose dans vos faiblesses : la mesure de leurs forces. Et leur courage se relèvera en raison directe de votre timidité.

Blanqui

Au début de l’année 2022, le Sri Lanka est au cœur d’une crise économique. La réponse du gouvernement, dirigé par le président Gotabaya Rajapaksa, est assez lente dans un premier temps, puis complètement déraisonnable. Le mouvement commence à la campagne, chez les agriculteurs, puis s’étend aux banlieues de Colombo, la capitale. Le 9 avril, une manifestation de masse à Galle Face, le cœur de Colombo, a donné lieu à un campement énorme connu sous le nom de GotaGoGama [Gota rentre chez toi]. Les occupations se sont propagées et de nouveaux campements ont vu le jour à Colombo et dans d’autres villes. Cette dynamique a connu des hauts et des bas pendant plusieurs mois. Le 9 juillet, des centaines de milliers de Sri Lankais ont submergé la capitale, prenant d’assaut et occupant la maison du président et un certain nombre de bâtiments gouvernementaux. Le président s’est enfui. La maison du premier ministre a été incendiée. L’armée n’a pas bronché. Le 13 juillet, les manifestants ont occupé le bureau du Premier ministre, pris d’assaut une chaîne de télévision et tenté d’assiéger le Parlement. Le lendemain,…

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Auteur: lundimatin