Les éléments (lieu, lumière, litre et ligne) ont déjà pris la parole pour faire résonner une voix inouïe, et empêcher leurs ennemis de tout réduire au silence. La période qui pointe offre plutôt l’occasion de laisser s’exprimer une part certaine de la nature humaine.
J’habite un monde qui croît sans penser à rien d’autre qu’à ses calculs. J’habite un monde, je le sais, qui comprime et qui stresse, colonise et se détruit. Un monde qui privatise l’eau et organise des jeux à sec.
Il y aurait bien des raisons de le quitter, ce monde, de changer de vie. Je pourrais renier le destin d’abondance auquel il veut m’astreindre. Je pourrais me contenter de moins, refuser d’être érigé en consommateur.
Et même, pourquoi pas, cesser de travailler pour ceux que je sais raboter la planète. Ne plus apporter ma pierre à l’édifice – participer à l’emmurement. Refuser aussi de relayer l’administration et son devenir numérique.
Mais ce n’est désormais plus l’heure des possibles de l’été. C’est le temps de rentrer – voyez-vous ? La nausée est suffisamment légère pour que je l’enjambe, et m’incline à faire un pas hors de toute rébellion.
Est-ce par habitude ? Est-ce par amitié pour ceux que je côtoie et qui ne le font pas – par loyauté envers les miens ? Est-ce pour m’assurer des conditions correctes d’existence à même un monde que je sais à la dérive ?
Ou alors, plus largement, est-ce pour partager la croyance de mes contemporains – la valeur du progrès ? Est-ce par précaution savante : pour fuir la solitude qui rendrait ma lucidité trop crue ?
Vous savez, je pourrais me ruer sur l’action. Des combats, j’en ai eu. Des défis, j’en ai relevés. Je ne suis pas un éternel indécis, encore moins un imbécile heureux. C’est seulement que j’ai des responsabilités à assumer.
Il n’est pas question pour moi de foncer vers l’erreur, ni risquer d’échouer parce que…
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Auteur: dev