Partout en France, la bataille pour sauver les arbres s'intensifie

Le mouvement croît dans la pénombre comme une force souterraine. Chaque jour de nouvelles pousses surgissent. Depuis quelques années, de plus en plus de femmes et d’hommes se mobilisent pour défendre les arbres et pour empêcher des coupes abusives. En zone périurbaine, au milieu des métropoles ou parfois à la campagne, ils lancent des pétitions pour sauver de vieux peupliers, un chêne centenaire ou des marronniers plantés sous Napoléon. Certains s’attachent aux arbres menacés par le béton, d’autres interpellent les élus et engagent des recours juridiques. Les actions se multiplient.

En ville, désormais, les forces de l’ordre accompagnent régulièrement les bûcherons. À Condom, petite ville du Gers, en septembre 2019, soixante-dix gendarmes mobiles ont dû bloquer le centre-bourg pour abattre seize platanes face à une population en pleurs et en colère. À Nîmes, en 2017, avant de couper les micocouliers du square de la Bouquerie, à six heures du matin, la police a dû boucler tout le quartier pour prendre de court les riverains et éviter la contestation. À Marseille, aussi, le bruit des tronçonneuses a lancé l’homérique bataille de la Plaine : plusieurs mois de confrontations, de manifestations et de carnavals pour tenter de sauver une place populaire de la gentrification.

Deux compagnies de CRS, soit 120 policiers, surveillaient l’abattage de quarante arbres, à Marseille, en 2018.

Les arbres sont des empêcheurs de bétonner en rond. Ils se trouvent toujours en première ligne face aux grands projets d’aménagement, les requalifications de centres-villes, les agrandissements de voirie ou les constructions de parkings. Leur présence entrave — mais n’empêche pas forcément — la marche forcée du « progrès ». À Tours, sur l’île Aucard, la mairie a décidé de les raser pour élargir le champ de vision des caméras de vidéosurveillance. En Corrèze, le Conseil général en a coupé des dizaines de milliers sur le bord des routes pour déployer la 4G. Dans d’autres villes, encore, des arbres sont régulièrement déracinés au profit de panneaux publicitaires, d’abribus ou de lampadaires.

« Chez les décideurs, il y a un mépris de l’arbre »

En quelques secondes, on abat sans scrupule des êtres centenaires qui sont autant de monuments naturels. Les services municipaux les remplacent souvent par de jeunes arbrisseaux en pot, plus domesticables. Les promoteurs rêvent d’une nature en cage, d’un vivant inerte que l’on réduit à un simple décor. Les collectivités, elles, le…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre