Pass Culture et trouble à l'ordre public

« Pass culture » est le nouvel outil dont s’est doté l’État pour cadrer (sur le plan pédagogique) et encadrer (sur le plan administratif) les interventions culturelles, des artistes, autrices et auteurs, et y compris des musées ou d’autres instances culturelles, en milieu scolaire. Philippe Godard rappelle ici que Pass culture est une société privée, créée en 2019, avec obligation donc de dégager du profit. C’est donc pour cela qu’il faut dire « Pass culture » et non « le Pass culture » ; on ne dit pas « le Netflix » ou « l’Amazon »…).

Il présente dans cet article les mécanismes absurdes d’un énième dispositif gouvernemental absolument dysfonctionnel à la sauce Macron, où le contenu effectif des œuvres culturelles est moins important que la certitude qu’ils ne viennent pas contrevenir à l’ordre public.

J’entends établir qu’à partir de maintenant, il nous faut assurer collectivement la défense de notre vie et de notre travail contre les outils et les institutions

qui menacent ou méconnaissent le droit des personnes à utiliser leur énergie de façon créative.

Ivan Illich, La Convivialité, 1973 (Seuil, p. 29)

Pass Culture appartient à 70 % à l’État et à 30 % à la Caisse des Dépôts et Consignations – donc à 100 % à l’État. La création de cette société visait au départ à « créer les conditions adéquates pour la pérennisation du Pass Culture, incluant sa généralisation à tous les jeunes de 18 ans éligibles et envisagera le développement d’activités commerciales permettant d’assurer une partie significative de son financement ».

Il s’agit de faire transiter, par une société de droit privé créée et contrôlée par l’État, des « offres » culturelles à destination des publics scolaires, ce « passage » s’accompagnant d’une nécessaire « validation » par des instances de deux ministères : celui de la Culture et celui de l’Éducation nationale. Les critères sur lesquels s’opère cette validation sont un tissu de banalités : il faut de l’ « expertise » et de la « capacité à la médiation », sans que l’on comprenne comment cette expertise et cette capacité puissent être validées par une commission composée du « recteur de région académique ou de son représentant, d’un délégué académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle désigné par le recteur de région académique ou son représentant, et par le directeur régional des affaires culturelles ou son…

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Auteur: lundi-matin