Patrick Le Lay, TF1 et la culture : des paroles et des actes

Prémices du confinement oblige, la disparition de Patrick Le Lay, emblématique PDG de TF1 pendant 20 ans, n’a pas suscité le bilan qu’il méritait. Rapidement propulsé à la tête de la chaîne par Francis Bouygues, il fut en première ligne dès sa privatisation en 1987. Or on a trop vite oublié combien il avait promis en matière de culture. Et surtout, combien il a déçu. Retour sur un mirage et une méprise.

Note : cet article est tiré du dernier numéro de notre revue Médiacritiques, à commander sur notre boutique en ligne, ou à retrouver en librairie.

S’il n’y a plus personne ou presque pour s’émouvoir de la concession en forme d’offrande faite à Bouygues au mitan des années 80 [1], la transformation de la première chaîne publique en une chaîne commerciale en surprit plus d’un. Pour décrocher la timbale, Bouygues sortit la grosse artillerie et les belles promesses. Ainsi, lors de l’audition devant le CNCL [2] qui décida qui, du marchand de canon (Jean-Luc Lagardère, alors à la tête du groupe Hachette) ou du marchand de béton (Francis Bouygues, leader du BTP) présiderait aux destinées de TF1, ce dernier déclara bien imprudemment : « il n’est pas vrai de dire qu’une télévision privée soit condamnée à être une télévision mercantile. Cette télévision-là, elle n’a pas d’avenir » avant de dérouler le programme : « informer, divertir, cultiver ».

Bernard Tapie, alors étoile montante du management triomphant, fut appelé à la rescousse. En bon spin doctor, il affirma vouloir « relever la production française », refusant « d’acheter les feuilletons à l’étranger » et de « gaver les enfants de séries débiles ». Quant à Patrick Le Lay, futur vice-président de la chaîne, il livra à son tour un programme alléchant, la gorge un peu nouée :

En ce qui concerne la musique, nous avons prévu au moins 8 concerts qui représenteront 16h de diffusion et au moins 8 spectacles lyriques et chorégraphiques dont au moins 5 grands événements de 2h30 en moyenne type festival d’Aix, Bayreuth, chorégraphies d’Orange (sic), 3 spectacles appartenant à un répertoire plus populaire.

Et Tapie de renchérir, souhaitant que la première chaîne célèbre « l’année…

Auteur : Thibault Roques
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