Éditorial d’octobre 2020
Dans vingt jours, les citoyens américains désigneront le président du term 2021-2025. Alors que les élections outre-Atlantique enthousiasmaient jadis les observateurs européens (il suffit de se souvenir de l’engouement suscité par l’affrontement de grande tenue Obama vs. McCain en 2008), la triste campagne 2020 marque un tournant historique. Difficile, en effet, de regarder ce spectacle effrayant que constitue le duel Trump-Biden comme un mauvais passage, un égarement conjoncturel si éloigné du rêve américain qu’il ne peut être ni réel ni durable. La défaite plus que probable de Donald Trump sera saluée comme il se doit par l’intelligentsia occidentale et la consécration de son adversaire fournira, le temps d’une nuit électorale, le sentiment rassurant d’un retour à la normale. Rien n’est plus éloquent, pourtant, que l’affrontement de deux vieux lions usés, incomparables dans leur style et leur personne mais réunis dans la fragilité. L’indolent Biden évincera le clownesque Trump et rétablira bienséance et correction à la Maison Blanche. Il lui manquera l’essentiel pour redonner du lustre à la bannière étoilée : une vision, une dynamique et l’aura d’un leader.
À partir des années 1960 et de la brève mais emblématique présidence Kennedy, les États-Unis remportaient une bataille décisive de la Guerre froide : celle de l’image. L’élan, la jeunesse, l’ouverture et l’audace des dirigeants américains ringardisaient définitivement la gérontocratie soviétique. Près d’un demi-siècle plus tard, les États-Unis arrivent à leur tour au bout d’un cycle. Leur rang mondial, qu’ils maintiennent grâce à leur puissance économique et militaire, ce qui n’est pas rien, ne les préserve pas des stratégies commerciales agressives de la Chine et de la rude concurrence asiatique en matière de nouvelles technologies. Renonçant progressivement à jouer les…
Auteur: Pierre-Henri Paulet
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