Paysan tué par un gendarme : « C'est une violence policière en milieu rural »

Trivy (Saône-et-Loire), reportage

Cinq ans ont passé depuis la mort de Jérôme Laronze, éleveur bovin de Saône-et-Loire abattu par un gendarme. La colère de sa famille reste intacte. Elle s’est teintée de fatigue. « C’est une cicatrice qui ne se referme pas, et qui se remet à saigner souvent », soupire Marie-Noëlle Laronze, une des quatre sœurs de Jérôme. Pour lui rendre hommage, ses proches ont organisé samedi 21 mai un rassemblement à Trivy, dans la ferme familiale au cœur de la campagne bourguignonne. Des bâches ont été tendues sur la grange : « Indignation » ; « N’oubliez pas » ; « Justice et vérité pour Jérôme Laronze ». À l’ombre des vieilles pierres, quatre-vingt proches et soutiens sont venus témoigner leur appui à la famille du défunt paysan.

Les faits ont eu lieu au printemps 2017. Assailli par des contrôles administratifs accompagnés par des gendarmes, le 11 mai 2017 Jérôme Laronze a fui la ferme où il élevait seul 120 vaches. Son troupeau devait être saisi, et ordre avait été donné de l’interner en soins psychiatriques. Pendant neuf jours, il a échappé aux militaires qui le présentaient comme un individu dangereux. Il a été tué de trois balles, reçues de côté et de dos, au volant de sa voiture le 20 mai 2017. Depuis, les contrôles dont il a fait l’objet ont été jugés irréguliers et annulés par le tribunal administratif de Dijon.

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Marie-Pierre, l’aînée de la fratrie Laronze, souhaite rectifier le climat du récit du décès de son frère. Passer de celui de la « mort d’un paysan picaresque et perdu » à celle d’une « violence policière en milieu rural ». Un changement de perspective nécessaire, car dans la région, le drame fait débat.

Chez les Laronze, pour l’hommage à Jérôme Laronze (sur la photographie du fond), le 21 mai 2022. De g. à d. : Marie-Noëlle Laronze, Philippe Lapray (médecin), Pierre Cinier (ancien salarié agricole), Patrick Bougeard (ancien président de Solidarité paysan) et Marie-Pierre Laronze. © Moran Kerinec/Reporterre

Premier agriculteur du village installé en bio en 2014, Jérôme Laronze tenait un discours dénonçant les conditions de vie précaires des paysans et leurs difficultés administratives. « Il a prêché dans le désert, c’est un territoire où les traditions sont ancrées. Un bastion de la FNSEA, décrit Marie-Pierre. Quand les contrôles sont survenus, il n’avait comme soutien que les gens de la…

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Auteur: Moran Kerinec Reporterre