Peinture : quand une intelligence artificielle provoque l’inspiration

« Lamuse » est un projet informatique que j’ai imaginé et développé avec l’artiste peintre Emmanuelle Potier. Son nom vient avant tout de la démarche de l’artiste, soucieuse d’explorer les liens entre contrainte, inspiration et création, mais il est vite apparu que l’outil et son utilisation peuvent être amusants.

À la croisée entre pratique artistique et recherche technologique, Lamuse vise à construire des compositions picturales à l’aide d’algorithmes d’apprentissage automatique servant de sources d’inspiration pour les peintres en les accompagnant dans leurs processus de création. Elle s’appuie sur divers réseaux de neurones artificiels, utilisés pour la reconnaissance d’objets et ce qu’on appelle le transfert de style.

Contrairement aux procédés d’art génératif largement médiatisés, l’objectif ne consiste pas à produire des œuvres abouties ex nihilo. Il s’agit de plutôt de mettre en place un vrai dialogue entre l’outil et l’artiste avec un minimum d’effort et sans nécessiter de puissance de calcul conséquente.

Boccace lisant le Décaméron à la reine Jeanne de Naples, 1849. A gauche, le tableau d’origine, et à droite, les interprétations par Lamuse.
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La part du hasard

Le projet part du constat que certains artistes appliquent des protocoles et des concepts pour laisser entrer le hasard dans le processus de création et reléguer la question de savoir quoi peindre au second plan, voire disparaître complètement. Afin d’approfondir cette réflexion sur les concepts de liberté et de détermination par rapport au choix d’un sujet, l’idée est née de concevoir une intelligence artificielle qui imposerait (ou simplement suggérerait) au peintre les sujets de sa peinture. Plus prosaïquement, il s’agit d’étudier la manière dont les outils numériques peuvent être détournés pour développer le désir de créer.

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La notion d’inspiration est large et dépend fortement du processus créatif individuel de chaque artiste. Par conséquent, tout outillage en appui de ce processus est forcément ancré dans la subjectivité de l’artiste en question. Dans la mesure où Lamuse est le produit d’un cheminement conjoint entre une artiste et une équipe de recherche, le résultat final est nécessairement empreint d’une identité. C’est une limite assumée.

Matisse, La Conversation, 1908-1912, musée de l’Ermitage. A gauche, le tableau d’origine, et à droite, les interprétations par Lamuse.
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Par ailleurs, bien qu’il existe des passerelles évidentes vers les travaux contemporains autour de l’art…

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Auteur: Bart Lamiroy, Professeur d’informatique, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)