Pénibilité, radioactivité… Le nucléaire manque d'arguments pour recruter

L’opération séduction est lancée. Jeudi 2 mars, Pôle emploi et l’Université des métiers du nucléaire ont invité la presse à Orano Tricastin pour le lancement de la première semaine des métiers du nucléaire, du 6 au 10 mars. Visites d’entreprises, témoignages de salariés, « job dating »… Plus de 200 événements sont prévus dans toute la France pour promouvoir les carrières dans la filière atomique.

L’enjeu est de taille. Dans son discours de Belfort du 10 février 2022, Emmanuel Macron a annoncé le prolongement de tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être au-delà de cinquante ans, la construction de six EPR2 et le lancement d’études pour huit EPR2 supplémentaires, ainsi qu’un appel à projets de 1 milliard d’euros pour le développement de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Le Conseil de politique nucléaire du 3 février a confirmé ces objectifs, en évoquant même un prolongement des réacteurs à plus de soixante ans.

Actuellement, la filière nucléaire, troisième industrie française, compte plus de 3 000 entreprises et plus de 220 000 salariés. Il en faudra 10 000 à 15 000 supplémentaires par an d’ici 2030 pour venir à bout des chantiers prévus par l’exécutif, a annoncé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire à Penly, en décembre dernier.

D’où le « plan Marshall » de formation et de recrutement lancé par le gouvernement. Le 15 avril prochain, le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen) doit livrer une étude faisant l’état des lieux de l’emploi dans la filière. Cette dernière doit aider l’Université des métiers du nucléaire (UNM) à élaborer un plan d’action, qui sera dévoilé le 15 mai.

En parallèle, l’État a prévu un audit externe pour compléter cette planification. « L’objectif est d’être prêt pour la rentrée, a précisé le ministère au Parisien. Les besoins de recrutement se feront sentir à partir de 2027, lors des premières coulées de béton à Penly. » Le gouvernement a d’ores et déjà lancé des bourses de 600 euros mensuels aux étudiants, attribuées via l’UNM. « Il faut que nous convainquions nos étudiants, nos lycéens, nos bac pro de revenir vers la filière nucléaire », a insisté M. Le Maire lors de sa visite à la centrale normande.

Des conditions de travail lourdes et inchangées

Ceci, alors que le secteur manque déjà de bras. En décembre dernier, 7 000 offres d’emploi non pourvues étaient recensées par Pôle emploi. « Les visites décennales actuelles représentent cinq fois plus d’activité que les arrêts de tranche habituels, explique à Reporterre Gilles Reynaud, ancien salarié d’une filiale d’Orano et…

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Auteur: Émilie Massemin Reporterre