Le texte qui suit est la leçon inaugurale prononcée par Vladimir Safatle au département de philosophie de l’Université de São Paulo le 3 avril 2024. L’auteur, philosophe dans la tradition de la Théorie critique et intellectuel public de premier plan au Brésil, analyse ce que la catastrophe de Gaza signifie dans notre façon d’agir et de penser au niveau mondial. Il y voit une possible rupture, un basculement vers l’érection de la déshumanisation en tant que mode de gouvernance « normal », le signe d’une « palestinisation » en cours du monde – à moins qu’à l’instar du « frein d’arrêt » évoqué par Walter Benjamin, un sursaut puisse stopper la course vers l’abîme.
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Lorsque j’ai eu l’honneur d’être invité à donner ce cours inaugural de notre département, j’ai d’abord proposé un autre sujet de discussion. Mon idée initiale était de parler de la tradition de la pensée critique à laquelle je suis attaché depuis l’époque où j’étais étudiant en philosophie et me trouvais à la même place que vous aujourd’hui. Je veux parler de cette tradition qui a mobilisé la dialectique pour comprendre les impasses du processus de formation et de développement national. Celle-là même qui s’est consacrée à repenser rigoureusement les potentialités de la pensée critique en mobilisant la logique dialectique, au même moment historique où cette dialectique était rejetée dans les pays centraux du capitalisme mondial.
Je voudrais parler des raisons de ce décalage pour mieux appréhender notre lieu de pensée, ainsi que les crises du présent et leur potentiel de transformation. C’était aussi ma façon de rendre hommage au travail remarquable réalisé dans notre département par des noms tels que Paulo Arantes, Ruy Fausto, José Arthur Giannotti, ainsi que Michel Löwy et, de façon plus lointaine, mais non moins importante dans l’élaboration de ce débat, par Rubens Rodrigues…
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Auteur: redaction