Depuis la tragédie de la gare de Novi Sad, survenue le 1er novembre 2024 à 11h52, la Serbie connaît un mouvement social d’une ampleur inédite. Vingt ans après les mobilisations de masse qui ont fait chuter Slobodan Milošević, le pouvoir vacille une seconde fois, alors que chaque jour donne une vigueur nouvelle aux centaines de milliers de personnes qui descendent, désormais quotidiennement, dans la rue.
De l’émoi des premières heures a jailli un souffle contestataire qui, progressivement, a fait sauter tous les appuis prétendument infrangibles d’un régime fondé sur la corruption. La démission du Premier ministre Miloš Vučević le 28 janvier dernier n’a en rien freiné les ardeurs d’un mouvement qui, et c’est là que réside sa force première, énonce clairement ses fins. Les étudiants de Belgrade, de Novi Sad et d’ailleurs, ont exprimé, ces derniers mois, des revendications très précises : publication de tous les documents concernant l’appel d’offres sur la construction de la nouvelle canopée de la gare de Novi Sad ; réforme de l’institution judiciaire ; baisse de 20% des frais de scolarité. En somme, l’objectif est clair : abattre un système corrompu jusqu’à la moelle, dont la catastrophe du 1er novembre fut une émanation traumatisante pour de larges pans de la société. La chute d’Aleksandar Vučić et de ses janissaires devient alors, bien qu’inévitable, secondaire.
Aujourd’hui, les étudiants et toutes celles et ceux qui les ont rejoints – professeurs, artistes, agriculteurs, avocats, médecins, policiers, informaticiens… jusqu’aux vétérans des guerres de Yougoslavie – sont considérés par l’exécutif, à mesure d’interventions télévisées sur Pink TV, comme manipulés par des « agents de l’étranger ». Cette accusation, évidemment infondée, témoigne d’une méthode classiquement usitée par le président Vučić, qui consiste à calomnier et à employer la…
Auteur: dev