« Ayatollahs verts » pour Alain Juppé, « puritanisme » pour l’essayiste Ferghane Azihari, ou encore « intégrisme écologique » pour François Bayrou… L’utilisation de l’analogie religieuse à propos de l’écologie politique est très souvent négativement connotée. Dans un monde sécularisé, elle vise à délégitimer un courant de pensée et une forme de militantisme.
Laissons de côté cette instrumentalisation pour nous interroger : l’analogie religieuse permet-elle de comprendre les mutations récentes de l’écologie ? En reprenant les précautions de la sociologue Nathalie Heinich sur les limites de l’analogie religieuse et la nécessité d’une comparaison point par point, notre thèse étudie la « conversion écologique » et les processus de (dé)politisation, à partir d’une analogie avec la conversion religieuse. S’il y avait une évidence à mobiliser le registre religieux pour le communisme, en est-il de même pour l’écologie contemporaine ? Focus sur la notion d’« intégralisme écologique ».
L’écologie répond à tous les aspects de la vie
La notion d’« intégralisme » est tout d’abord à distinguer de celle d’« intégrisme ». Un rappel salutaire au vu de l’étrangeté que suscite la culture religieuse aux sociétés modernes : ce qu’Olivier Roy nomme la « déculturation du religieux ».
L’origine du terme « intégrisme » a été oubliée. Au début du XXe siècle, en pleine crise moderniste de l’Église catholique, le terme d’« intégristes » est utilisé par les « modernistes » pour qualifier négativement les opposants à une évolution du dogme religieux. L’anathème « intégriste » se sécularise ensuite dans le langage courant (« intégrisme islamique »). Aujourd’hui, comme l’a montré la politiste Sylvie Ollitrault, les militants écologistes peuvent faire l’objet d’un a priori négatif par « l’accusation de…
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Auteur: Gauthier Simon, Doctorant et enseignant en science politique, Université de Bordeaux