Pénuries de médicaments : « C’est la totalité de la chaîne de production qui doit être relocalisée »

Antibiotique majoritairement produit en Chine et prescrit le plus souvent pour les enfants, l’amoxicilline se fait rare, partout dans le monde. D’autres médicaments, comme le paracétamol ou des anti-cancéreux sont aussi touchés. Des pénuries qui invitent les pouvoirs publics à se saisir réellement de la question de la relocalisation, selon l’économiste de la santé Nathalie Coutinet.

Depuis plusieurs mois, pharmaciens, hôpitaux et médecins font face à une pénurie mondiale d’amoxicilline, l’antibiotique à large spectre prescrit pour soigner angines ou otites bactériennes, notamment chez les plus petits. Selon l’Agence nationale du médicament (ANSM), les formes buvables pour les enfants connaissent de « fortes tensions d’approvisionnement, prévues jusqu’en mars 2023 ». Et d’autres médicaments, comme le paracétamol et des anti-cancéreux commencent aussi à manquer. Ces pénuries posent une question essentielle : celle de la relocalisation de la chaîne de production, pour ne plus dépendre de la Chine et de l’Inde.

Voix de l’Hexagone : Quelles sont les causes de la pénurie d’amoxicilline en ce moment ?

Nathalie Coutinet : La cause principale est la persistance du Covid et ce à deux niveaux. D’abord, beaucoup de patients sont traités avec de l’amoxicilline, pour éviter les complications. Ensuite, durant la pandémie, le besoin en antibiotiques a été moindre car il y a eu moins de maladies avec les masques et les confinements. Les producteurs ont donc eu tendance à baisser la production d’amoxicilline. Ainsi, on se retrouve avec une offre en baisse, des capacités de production en baisse et une demande forte désormais.

« Il existe des antibiotiques de substitution. Mais ils peuvent aussi venir à manquer, car les pharmaciens vont logiquement se reporter dessus. »

Par ailleurs, il s’agit d’une pénurie mondiale, et on peut reprocher aux autorités françaises d’avoir réagi si tardivement. Aux États-Unis, les autorités de santé américaines ont alerté les pouvoirs publics il y a des mois et les médecins ont pu parfois, en conséquence, décider de réduire les prescriptions. En France, on constate seulement maintenant la situation. Sauf que l’amoxicilline ne sera livrée que début 2023. Certes, il existe des antibiotiques de substitution (les macrolides, les fluoroquinolones…). Mais ils peuvent aussi venir à manquer, car les pharmaciens vont logiquement se reporter dessus, ce qui peut générer un effet domino.

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Auteur: Ella Micheletti