Pérou : Le cri du Peuple et le rugissement des élites — Romain MIGUS

Et durant de long mois, avant que celle-ci ne soit finalement repoussée, l’élection pour la Convention Constituante au Chili -prévue initialement à la même date- a éveillé toutes les attentions outre-Atlantique. Pourtant, le Pérou vit une situation politique intense. Et riche d’enseignement pour les luttes politiques et sociales en Occident.

Un système politique à l’agonie

Pour saisir la dynamique politique et économique du Pérou, il faut remonter le fil chronologique aux années 90. Le pays se trouve alors aspiré dans une féroce spirale inflationnnaire, et est plongé dans la guerre civile contre la guérilla du Sentier Lumineux. Les péruviens veulent du changement et de la stabilité. Ils portent, contre toute attente, Alberto Fujimori à la présidence du Pérou. Celui-ci va se livrer à une guerre sans merci contre les groupes insurrectionnels, et parallèlement opérer une thérapie de choc économique d’une extrême violence qui placera le Pérou sur les rails du néolibéralisme. Afin de contourner un parlement un peu trop soucieux à son gout de la défense des Droits de l’Homme et réticent à libéraliser totalement l’économie, Fujimori va réaliser un « auto-coup d’État ». Le 5 avril 1992, il est écarté momentanément du pouvoir avant d’y être réinstallé avec la complicité de l’armée. Le parlement est fermé, et Fujimori, soutenu par l’élite économique péruvienne va avoir les coudées franches pour mener à bien ses réformes économiques libérales.

Le 31 décembre 1993, il fait promulguer une nouvelle constitution qui inscrit les principes du néolibéralisme dans le marbre de la charte suprême. L’État y est relégué au rôle de promoteur de l’entreprise privée. Les structures institutionnelles sont démantelées, au profit d’un clientélisme social qui aujourd’hui encore garde un certain impact. Les opposants sont systématiquement traités comme des terroristes, dans le contexte difficile de la guerre civile, et poursuivis. De nombreuses privatisations se succèdent, et la porosité entre la haute fonction publique et le secteur privé va ériger en système de gigantesques réseaux de corruption.

Lorsque Fujimori est écarté du pouvoir en 2000, le système qu’il a contribué à mettre en place lui succède. Tous les présidents depuis la chute du dictateur néolibéral ont été accusés de corruption, emprisonnées ou en passe de l’être.

De destitutions pour corruption en passant par des coups d’État institutionnel, le pays andin a connu pas moins de cinq…

La suite est à lire sur: www.legrandsoir.info
Auteur: Romain MIGUS Le grand soir