Pertes, préjudices et Perlimpinpin : comment mettre en œuvre la justice climatique ?

« Pour qui, combien, quand et pourquoi, contre qui, comment, contre quoi ». C’est par ce vers que débute la chanson Perlimpinpin, écrite par Barbara et récemment réinterprétée par Natalie Dessay lors de l’hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. Elle pourrait également être la synthèse des questionnements issus de l’accord conclu lors de la COP 27, tenue en Égypte.

Celui-ci prévoit en effet « d’établir de nouvelles modalités financières pour aider les pays en développement particulièrement vulnérables au changement climatique à répondre aux pertes et dommages », dont la création d’un « nouveau fonds ». L’ambition affichée constitue une avancée majeure, mais les paramètres financiers de ce fonds restent entièrement à négocier. La COP27 a d’ailleurs établi un Comité pour en définir les modalités.

Quelle responsabilité ?

En premier se pose la question de la liste des contributeurs devant alimenter cet instrument financier et des principes de partage du fardeau. Un début de réponse peut faire consensus : il serait juste que les pertes et préjudices soient financés en priorité par les États (même si pas seulement), en proportion de leurs émissions cumulées de gaz à effet de serre.

Sur cette base, les questions éthiques commencent : quelle date de départ choisir pour ce cumul ? Faut-il retenir les émissions historiques de carbone, qui sont le fondement scientifique du réchauffement, ou « débuter » aux premières conventions internationales ? Comment tenir compte de la démographie, du territoire et de sa capacité à séquestrer du carbone, des ressources en matières premières ? Faut-il raisonner en émissions produites ou consommées sur le territoire ? Selon quel ratio faut-il attribuer la responsabilité issue de la combustion des fossiles entre producteurs et consommateurs ? Cette liste non limitative de questions entrouvre la complexité de la construction d’une règle juste de partage du fardeau.

Mais quelle que soit celle choisie, elle bousculera sans doute les catégories de découpages géographiques utilisées à ce jour.

Des découpages géographiques bousculés

À titre d’illustration, les graphiques ci-dessous reprennent un exemple de calcul de « dette climatique ». On a considéré que toutes les émissions au-delà de 2tCO2 par personne par an suscitaient une « dette », vis-à-vis des « espaces » subissant…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Thomas Melonio, Directeur exécutif « Innovation, stratégie et recherche », Agence française de développement (AFD)