Pesticides : les radars défectueux des autorités sanitaires

Paule Bénit est ingénieure de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et Pierre Rustin est directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ils travaillent sur les maladies mitochondriales humaines depuis plus de vingt ans au sein de l’unité Inserm de l’Hôpital Robert Debré à Paris. Ils ont lancé l’alerte sur les pesticides SDHI.


Dans les pays dits développés, les usages de pesticides sont censés être précédés de recommandations établies par les autorités sanitaires, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au niveau européen et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) en France.

Si étonnant que cela puisse paraître, ces diverses autorisations et recommandations sont établies pour l’essentiel sur la base des seules études produites par les industriels. À partir de ces études aux résultats en général non publiés (et souvent accessibles seulement en partie, à la différence des travaux scientifiques), une dose journalière autorisée (la DJA, exprimée en mg/kg/jour) est calculée, supposée garantir une absence de risque pour la santé tout au long d’une vie humaine.

Cette situation est problématique, pour trois raisons :

  • S’il est possible de démontrer la toxicité d’un pesticide en laboratoire ou en extérieur, il est quasiment impossible de garantir son innocuité, même testé seul, même à petite dose, pour tous les organismes vivants qui y seront exposés et en toute situation.
  • À côté de l’exemple des néonicotinoïdes, le cas des pesticides SDHI montre qu’il existe des mécanismes cellulaires qui expliquent bien pourquoi la présence de pesticides même à très petite doses, inférieures aux normes réglementaires européennes, peut être toxique sur le long terme.
  • Dans la réalité, nous n’avons jamais affaire à un seul pesticide, mais de façon simultanée à des dizaines, voire à des centaines, et cela dans des conditions extrêmement variables qui ne peuvent être simulées en laboratoire.

Par ailleurs, seule est considérée la toxicité directe pour l’homme. En adoptant cette vision ethnocentrée, on fait mine d’ignorer que la santé de la biosphère est aussi celle de l’humanité. Les éventuels effets sur la biodiversité, qui ne sont qu’exceptionnellement évoqués dans ces études industrielles, ne sont toujours vus que comme des effets secondaires de peu d’importance.

Une toxicité démontrée, même à…

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Auteur: Reporterre