Pesticides, produits phytopharmaceutiques : que disent ces termes de ceux qui les emploient ?

Rappelez-vous, il y a quelques mois, alors qu’une colère des agriculteurs français émergeait médiatiquement, certaines substances se retrouvaient au cœur d’intenses débats. Le président de la FNSEA déplorait par exemple que l’on « agite la peur des phytosanitaires », tandis que du côté de la Confédération Paysanne, par exemple, on s’inquiétait que les « pesticides de synthèse sont à l’origine d’une pollution diffuse ».

« Pesticides », « produits phytopharmaceutiques », « produits phytosanitaires » : parle-t-on vraiment de la même chose quand on emploie ces termes ? À l’heure où la restriction des limitations les concernant est en cours, un petit point de clarification sémantique et historique peut s’imposer. Il nous permet de constater qu’en réalité le choix de ces mots est surtout révélateur d’intérêts et de visions du monde antagonistes.

Tuer les nuisibles ou soigner les plantes ?

Aujourd’hui, pour décrire les substances issues de la chimie de synthèse utilisées en agriculture, les acteurs qui soulignent leurs effets délétères pour la santé humaine et l’environnement les désignent volontiers en tant que « pesticides », terme dont l’étymologie latine rappelle qu’ils sont utilisés pour tuer (caedere) certains organismes vivants que sont les « pestes » qui peuvent endommager les récoltes : principalement les « mauvaises » herbes (on parlera alors d’herbicides), les insectes (insecticides) et les champignons (fongicides). À l’inverse, les défenseurs de ces produits – syndicats d’exploitants agricoles majoritaires donc, mais aussi les industriels qui les produisent ou les acteurs qui les distribuent – préfèrent parler de produits « phytosanitaires » ou « phytopharmaceutiques », faisant appel de leur côté à l’étymologie grecque (phyto, la plante) pour rappeler que ces produits sont utilisés pour le soin des cultures.

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Auteur: Jean-Noël Jouzel, Chercheur CNRS, sociologie, science politique, Sciences Po