Quatre-vingt-dix-neuf notules pour détruire le monde et construire sur ses ruines une cabane, à partir d’un livre noir, nommé La Vie sociale, écrit par Jérôme Orsoni, et publié par les éditions Bakélite en l’an 2025.
L’être est le zéro en tant qu’il est le vide, le vide où peut advenir l’espace sans ce que la langue suppose de l’être. À partir de cet endroit, de ce point zéro, nous pouvons envisager de bâtir une cabane, sans murs ni toit, telle une communauté négative.
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La langue tâtonne contre les murs de la cabane, elle cherche le bruit de son sang jusqu’à s’y perdre — se perdre dans ce besoin irréfragable du non-être : ne plus être la langue qui dit ce qui est, voilà la terre où nous creuserons et les ciels et les souterrains pour y placer un désert, notre refuge.
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Comme toute matière, pour faire cosmos, une cabane a besoin d’antimatière. Le non-être se tient face au réel comme la permanence d’une contingence, comme l’impermanence de ce qui y persiste malgré tout. En cela, la cabane flotte en nous davantage qu’elle ne va à notre devant, elle nous libère en nous jetant tout au-dedans de ce qui se refuse au monde.
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Une cabane sans murs et sans toit ne cesse de s’effondrer et de se reconstruire : persistance de l’accident qui fait dévier le soi en lui-même. On ne construit pas une cabane, on la reconstruit toujours, pour mieux la détruire et la reconstruire encore, pour nous situer entièrement dans un geste dialectique de croissance.
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Toute construction naît du souhait de vouer les potentialités de ce qui institue la réalité à leurs effritements futurs.
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Nous construisons une cabane à partir des ruines de ce que la société nous dit être, pour espérer que les ruines deviennent une contamination de ce qui renonce à la langue des scléroses. Nous construisons une potentialité des ruines à partir des ruines — ainsi disparaissent les ruines en leur totalisation.
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La…
Auteur: dev