Pétrole et paradis fiscal : Agnès Pannier-Runacher aux prises avec un possible conflit d'intérêts

C’est une affaire embarrassante pour la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, avec un cocktail explosif mêlant un potentiel conflit d’intérêts, des paradis fiscaux et un calcul pour éviter les droits de succession.

Selon une enquête du média d’investigation Disclose, les enfants de la ministre, mineurs, sont actionnaires d’une entreprise créée par leur grand-père, Jean-Michel Runacher, dont les fonds, domiciliés en partie dans des paradis fiscaux, seraient liés à la société pétrolière Perenco.

1,2 million d’euros dans les paradis fiscaux

Le père d’Agnès Pannier-Runacher est lui-même l’ancien dirigeant de cette multinationale des énergies fossiles, numéro 2 du pétrole en France. En 2016, l’ex-patron a créé une société nommée Arjunem pour transmettre une part de sa fortune à ses petits-enfants, alors âgés de 13, 10 et 5 ans, tout en évitant de payer des droits de succession. Il apporte dans la structure environ 1,2 million d’euros. Pour permettre à ses enfants d’entrer au capital, la ministre a signé en tant que représentante légale.

D’après Disclose, cette somme de 1,2 million d’euros proviendrait de fonds spéculatifs domiciliés en partie dans des paradis fiscaux, installés dans le Delaware (États-Unis), en Irlande et à Guernesey, et dans lesquels Perenco détiendrait aussi des investissements. Les produits financiers, eux, sont déposés dans une banque au Luxembourg.

Conflit d’intérêts

La ministre ne fait pas état de la société Arjunem dans ses déclarations à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). La loi l’oblige en effet à déclarer ses participations directes et celles de son conjoint, mais pas celles de ses enfants.

Mais pour l’association Anticor, la situation de conflit d’intérêts « ne fait pourtant aucun doute ». Même constat du côté de la HATVP, qui détaille : « L’absence d’obligation déclarative ne dispense pas le responsable public de veiller à prévenir et faire cesser les situations de conflits d’intérêts qui naîtraient d’autres intérêts indirects détenus, tels que l’activité des enfants ou d’autres membres de la famille. »

Agnès Pannier-Runacher a balayé les accusations de Disclose et répondu aux sollicitations de la presse, affirmant qu’il ne s’agissait pas de son patrimoine, « mais de celui de [ses] enfants qui, eux-mêmes, n’ont aucun pouvoir de gestion de la société à ce jour ». Elle a également renvoyé les journalistes vers son…

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Auteur: Reporterre