Pétrole, gaz et charbon : les États explosent l'Accord de Paris

Le 12 décembre 2015, les 196 membres de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques s’engageaient à maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, et à s’efforcer de limiter la hausse à 1,5 °C. Six ans plus tard, force est de constater que ces promesses sont restées en l’air. C’est l’une des principales conclusions d’un rapport publié mercredi 20 octobre par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et d’éminents instituts de recherche internationaux. Ses auteurs montrent que les gouvernements prévoient de produire en 2030 une quantité de combustibles fossiles plus de deux fois supérieure à celle compatible avec une limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C.

Afin de parvenir à ces résultats, les auteurs ont estimé l’évolution de la production mondiale de combustibles fossiles d’ici à 2040 à partir des projections des principaux pays producteurs. Ils ont ensuite comparé ces données aux trajectoires élaborées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) considérées comme compatibles avec un réchauffement de 1,5 et 2 °C. Les résultats sont alarmants : en l’état actuel, les niveaux de production envisagés par les gouvernements sont supérieurs de 110 % à ceux permettant de limiter le réchauffement du climat à 1,5 °C, et de 45 % à ceux permettant de rester sous le seuil des 2 °C. Cet écart pourrait être encore plus marqué en 2040 : la production devrait alors excéder de 190 % les niveaux permettant de ne pas dépasser les 1,5 °C de réchauffement, et de 89 % ceux permettant de le limiter à 2 °C.

Un tel niveau de production risquerait de précipiter la planète en territoire climatique inconnu. Selon le Giec, dépasser le seuil des 1,5 °C de réchauffement aurait de lourdes conséquences pour les humains et la biodiversité. Si la température mondiale augmente de 2 °C, l’ensemble des récifs coralliens du globe risquent de disparaître. Les évènements météorologiques extrêmes devraient devenir encore plus fréquents et intenses. Plusieurs centaines de millions de personnes supplémentaires pourraient également être exposées aux risques climatiques et à la pauvreté.

Pour atteindre les objectifs définis lors de la COP21 et limiter autant que possible ces périls écologiques et humains, la production mondiale de combustibles fossiles devrait commencer à décliner fortement dès aujourd’hui. Afin de contenir le…

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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre