Philosophie des politiques terrestres

Ce soir nous accueillons le philosophe Patrice Maniglier pour essayer de comprendre comment agencer l’action anarchisante à notre « commune terrestritude » (Gramsci). Dans le rapport de la pensée et de l’action à la Terre, l’un des problèmes serait peut-être celui-ci : comment articuler nos formes de luttes toujours territoriales, situées précisément ici ou – nous qui avons tendance à refuser les fausses universalités coloniales – à une théorie générale de la stratégie terrestre ? Comment faire lorsque la conquête du pouvoir, la prise du pouvoir, la macro-politique qui aboutit à la gestion du monde, n’est – apparemment – pas une option, alors qu’en face, l’ennemi, l’adversaire, dispose d’un arsenal mondialisé, propose des vues planétaires, et, last but not least, comment faire lorsqu’entre « eux » et « nous », le champ de bataille lui-même s’anime et fait irruption, lorsque la Terre en personne se présente et s’annonce, de catastrophes en catastrophes, non pour trancher le nœud du conflit, comme l’ancien deus ex machina de la tragédie, mais pour l’embrouiller davantage ?

A voir lundi 21 novembre à partir de 20h

Comment faire lorsque, semble-t-il, comme le disent quelques anthropologues, les « temps géologiques », l’agir terrestre, le « changement climatique » sont devenus la tortue de la fable, celle qui finit par atteindre, rattraper et dépasser le lièvre des prétentions politiciennes, la tortue rapide qui désormais va plus vite que « eux » et « nous » ? Comment relier tel ou tel sabotage d’une bassine des Deux-Sèvres aux 51° Celsius de Jacobabad au Pakistan ? Et pour reprendre la formule de Graeber : comment articuler l’éthique de la pratique révolutionnaire – qui exige et demande un temps infini, qui protège la pluralité des êtres et leurs coexistences – à la théorie de la stratégie révolutionnaire – qui peut conduire à l’action collective de plus en plus massifiée et commande parfois des « sacrifices » détestables –, comment articuler nos faits et gestes au fait que le temps manque, que le danger est là, mais que nous ne voulons pas nous fasciser ? Patrice Maniglier, à sa manière, nous propose une métaphysique générale des politiques terrestres, dont il croit qu’il faut au moins retenir les quelques axiomes essentiels :

1. La Terre est devenue l’horizon épistémologique, politique et ontologique indépassable de notre situation ;

2….

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Auteur: lundimatin